La perte du passeport européen
La perte du passeport européen représente la principale inquiétude des acteurs financiers suite à l’adoption définitive de l’accord de divorce entre le Royaume-Uni et l’UE. Pour rappel, ce passeport est nécessaire pour les opérations de financement, la réception de dépôts, la fourniture de services d’investissement et de paiement.
Les sociétés financières britanniques qui souhaitent poursuivre leurs activités au sein de l’UE disposent de solutions limitées. Certaines ont anticipé en installant des antennes dans les pays de l’Union. De grands groupes comme Barclays ou Bank of America ont choisi d’agrandir leurs sièges à Dublin, Luxembourg ou Amsterdam. En France, l’Association des marchés financiers (AMAFI) a accordé plus de 40 agréments à des sociétés de gestion de portefeuille et des entreprises d’investissement désireuses de s’installer à Paris. En début d’année, Paris Europlace pronostiquait près de 5 000 emplois directs relocalisés en France dans les sphères financières. Il faut dire que la capitale dispose d’atouts considérables pour attirer un maximum d’emplois à haute valeur ajoutée. En effet, c’est une des seules places financières européennes à avoir un écosystème complet avec de grands acteurs financiers, des clients français et internationaux, des pôles d’expertises reconnus dans les domaines de la gestion d’actifs, de la banque, le capital investissement et la Fintech.
Des transferts d’équipes onéreux
De nombreuses banques britanniques, américaines et asiatiques ont une présence limitée en dehors du Royaume-Uni. Pour répondre aux attentes des clients locaux, celles-ci devront inévitablement ouvrir des filiales ou des succursales. Dans les structures existantes, les effectifs seront sensiblement renforcés. Cette réorganisation va entraîner des coûts supplémentaires (locaux, systèmes d’information…). L’autre défi sera, pour les établissements financiers, de convaincre certains salariés de rejoindre des places financières pouvant être jugées trop provinciales.
Enfin, les banques devront se pencher sur d’autres thématiques majeures directement liées à la sortie du Royaume-Uni de l’UE dont : la mise en place de chambres de compensation et de système de paiement transfrontalier entre l’Europe et le Royaume-Uni, les contrats régissant les accords de financement avec les clients et partenaires commerciaux, les chaînes logistiques fonctionnant sur le principe du marché unique.
L’UE et le Royaume-Uni ont jusqu’au 31 décembre prochain pour établir le cadre de leurs futures relations. Durant la période de transition, le Royaume-Uni restera dans le marché unique. Londres pourrait ainsi tenter d’assouplir ses règles en matière bancaire.