Le rapport rendu par Tracfin le 10 décembre 2019 se concentre sur des domaines sensibles en matière de blanchiment de capitaux, de fraude et de financement du terrorisme. Sa publication intervient à un moment clé puisqu’en 2020, le dispositif français de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme sera évalué par le Groupe d’action financière (Gafi) qui accorde une importance particulière à l’analyse des risques.
La cybercriminalité financière, un enjeu croissant
La cybercriminalité financière est une forme de criminalité nouvelle et en plein essor. Dans un contexte de numérisation des services de paiement et des relations d’affaires, les acteurs économiques sont de plus en plus exposés aux fraudes et aux usurpations d’identité. Cette tendance est principalement constatée dans les secteurs des cryptoactifs, de la banque en ligne et du crowdfunding.
Alors que jusqu’au milieu des années 1990, la cybercriminalité se manifestait essentiellement par des actions ponctuelles conduites par des acteurs isolés, les cybercriminels sont désormais capables de dérober d’importantes sommes d’argent en utilisant plusieurs vecteurs : le vol direct par piratage informatique, l’exploitation des vulnérabilités du système d’information d’une société ou d’une personne physique, l’utilisation du cyberespace pour conduire anonymement des activités criminelles.
Le rapport montre que Tracfin, bien qu’il soit le plus petit des services de renseignement, est aussi le plus spécialisé et le plus efficace dans la lutte contre la menace terroriste.
Tracfin renforce ses moyens d’action
Le service de renseignement Tracfin a renforcé ses moyens d’action en se dotant, en 2018, d’une cellule d’enquête composée d’agents spécialisés en cybercriminalité financière. Ceux-ci sont aujourd’hui capables de retracer les transactions financières effectuées sur la Blockchain et d’identifier les flux financiers liés à des opérations délictueuses commises sur le « dark web ». Pour mener à bien ces actions, Tracfin coopère étroitement avec d’autres services d’enquête spécialisés (gendarmerie, police, douane).
Les dispositifs mis en place par Tracfin lui ont permis de traiter, en 2018, 1 718 déclarations portant sur des soupçons de financement du terrorisme. Après avoir étudié ces informations, le service a transmis 1 038 notes d’analyses dont 139 à l’autorité judiciaire et 899 aux services partenaires impliqués dans la lutte contre ce fléau.
De manière générale, le rapport met en évidence les efforts de Tracfin sur plusieurs axes : la criminalité organisée, le devoir de probité, la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, les spécificités des DROM-COM, la lutte contre le terrorisme et son financement. Le service de renseignement financier de Bercy concentre notamment son effort sur « la détection de signes de radicalisation et le détournement d’activités économiques à des fins de financement du terrorisme », précise le Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, dans un communiqué.