Les fonds obligataires sont les plus touchés
Les fonds ouverts européens ont affiché une décollecte de 290 milliards d’euros en mars, un niveau historique, selon les données fournies par Morningstar. Avec la prise en compte des baisses de valorisation des actifs, le niveau des encours aurait même chuté d’environ 1000 milliards d’euros.
Le secteur obligataire a été le plus touché, avec des retraits de près de 140 milliards d’euros correspondant à 40 % de la collecte de 2019. Cette décollecte massive surpasse le précédent record mensuel d’octobre 2008 (-54 milliards d’euros).
Parmi les acteurs français, le géant Amundi est le plus affecté, avec plus de 30 milliards d’euros de sorties enregistrées au mois de mars. Suivent ensuite Natixis (16 milliards d’euros de décollecte) puis BNP Paribas AM (8 milliards d’euros).
L’effondrement des marchés a ainsi poussé les investisseurs à vendre pour lever du cash. De quoi mettre le secteur sous pression.
Des retraits massifs en assurance-vie
Les fonds européens ne sont pas les seuls à avoir subi un fort mouvement de rachat. En effet, en mars, les sommes placées sur les assurances-vie ont baissé de 2,2 milliards d’euros en net, selon les chiffres publiés par la Fédération française de l’Assurance (FFA), un niveau jamais atteint depuis 2011.
Plusieurs raisons expliquent cette décollecte. Il y a d’abord la tempête subie par les marchés financiers en début d’année et la difficulté à commercialiser de l’assurance-vie pendant la période de confinement. Par ailleurs, avec des taux d’intérêt au plus bas, ce produit d’épargne à long terme est de moins en moins valorisé. Les épargnants ont tendance à se tourner vers le Livret A qui présente l’avantage d’être défiscalisé et liquide.
Enfin, avec le confinement, les Français en ont profité pour revenir en Bourse. Une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF) montre que plus de 150 000 investisseurs sont entrés sur le marché pour la première fois depuis 2018. Leur profil diffère de celui des habitués du marché des actions. Effectivement, les nouveaux investisseurs ont entre 10 et 15 ans de moins et misent de faibles montants. Le gendarme de la Bourse indique que 580 000 particuliers ont investi dans des actions du SBF 120 et du CAC 40 entre le 24 février et 6 avril. Sur ces 5 dernières semaines, les achats d’actions françaises par les particuliers ont ainsi été multipliés par 4 par rapport à la même période en 2019.
Il apparaît donc que les fonds ouverts européens, tout comme l’assurance-vie, ont subi une forte décollecte au mois de mars, les épargnants privilégiant davantage les placements sans risque comme le Livret A.