Ralentissement des crédits octroyés au mois de mars
Les chiffres de la Banque de France montrent que le montant des nouveaux crédits à l’habitat a chuté à 20,2 milliards d’euros en mars 2020 alors qu’il était de 25,1 milliards d’euros en février. La part des renégociations se maintient à un niveau élevé (29,3 % en février, 28 % en mars).
Cette baisse s’explique par la mise en place du confinement pour faire face à la pandémie de Covid-19, mais pas seulement. En effet, malgré le confinement, des prêts immobiliers demandés en février se sont concrétisés en mars. La Banque de France rappelle ainsi que « la production de nouveaux crédits représente les crédits octroyés, même lorsqu’ils ne sont pas effectivement encore versés à l’employeur ». Selon plusieurs courtiers, ce ralentissement est davantage lié aux restrictions imposées par les autorités en décembre 2019 qu’à la crise du Covid-19 dont les effets se verront en avril ou en mai.
Hausse des taux de crédit et refus de financement
Le taux moyen des prêts immobiliers a légèrement augmenté, à 1,20 %, contre 1,19 % en février et 1,17 % en janvier. Les banques se montrent désormais plus sélectives, anticipant une dégradation de la situation économique dans les mois qui viennent. Elles demandent aux courtiers d’être plus vigilants sur la situation professionnelle des emprunteurs, leur secteur d’activité, leur taux d’endettement, la part de leur apport par rapport au montant du bien et la valorisation de leur épargne.
Mais l’inquiétude des courtiers porte surtout sur le niveau des taux d’usure, taux au-delà desquels il est interdit pour les établissements de prêter de l’argent. Ceux-ci ont à nouveau baissé excluant d’office certains emprunteurs. Plusieurs banques proposent par exemple des taux avoisinant les 2 % sur 25 ans (hors assurance) alors que le taux d’usure pour cette durée est fixé à 2,51 %. Parmi les professionnels du secteur, Cafpi observe une forte hausse des refus de financement et appelle à réformer les règles de calcul du taux d’usure, car celles en vigueur excluent des emprunteurs solvables de l’accession à la propriété. L’économiste Michel Mouillart estime que « près de 200 000 ménages pourraient être exclus d’ici 2021 à cause de la crise sanitaire et du resserrement du crédit ».
Reste à savoir si le deuxième semestre permettra une reprise du marché malgré le durcissement des conditions d’octroi de crédit, la crainte d’être contaminé, les restrictions de déplacements et des opérateurs publics et privés qui fonctionnent au ralenti.