Des réalités très différentes selon les régions
Le continent africain est trois fois plus grand que l’Europe, et l’usage du paiement numérique est plus ou moins répandu selon les pays et les régions. Même si le paiement en espèces est encore majoritaire, du fait du faible taux de bancarisation des populations, le niveau d’équipement des familles en téléphonie mobile est l’un des plus élevés au monde.
En Afrique de l’Ouest, le porte-monnaie mobile, à savoir le paiement des transactions au moyen d’un smartphone via Orange Money par exemple, est en plein développement, mais n’est encore utilisé que par un adulte sur quatre. En revanche en Afrique de l’Est, notamment au Kenya, mais aussi en Tanzanie et en Éthiopie, le paiement mobile est très développé, en partie grâce au succès du service M-Pesa proposé par l’opérateur Safaricom.
Le coup d’accélérateur impulsé par le coronavirus
En pleine crise du Covid-19, de nombreux acteurs mettent tout en place pour faciliter le développement du cashless. Ainsi, de nombreux fournisseurs de solutions de paiement numérique ont diminué ou supprimé les frais de transaction. Les démarches sont facilitées, et les barrières que peuvent représenter en Afrique la fourniture d’une pièce d’identité ou d’un justificatif de domicile sont levées.
De leur côté, les États et les banques centrales encouragent également le développement des paiements numériques. Les gouvernements recommandent, en même temps que l’application des gestes barrières, le paiement mobile pour limiter les contacts. La Banque centrale du Ghana a annoncé que tous les abonnés à un service de téléphonie mobile pouvaient désormais bénéficier d’un portefeuille mobile et transférer l’équivalent de 170 dollars par jour sans avoir à fournir de justificatif.
Quant à la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), elle a annoncé début avril plusieurs mesures initialement vouées à rester en place durant 30 jours, mais possiblement renouvelables. Parmi elles, la gratuité des transferts de monnaie électronique à l’échelle nationale en dessous d’un seuil de 5 000 francs CFA, la gratuité des paiements de facture d’eau et d’électricité via un téléphone mobile pour des montants inférieurs à 50 000 francs CFA, ou encore l’assouplissement des conditions d’ouverture de comptes de monnaie électronique.
Une chose est sûre : le développement du cashless en Afrique ne pourra se faire sans une certaine pédagogie et une volonté d’inclusion financière.