Qu’est-ce qu’une monnaie locale complémentaire ?
Une monnaie locale complémentaire (MLC) est adossée à la monnaie nationale, qu’elle ne vient donc pas remplacer. Son usage est limité à un territoire restreint, à l’échelle d’une ville ou d’une région. La monnaie locale est mise en place par une association qui est chargée, avec l’aide d’un établissement financier, d’en assurer la gestion.
Autre particularité : la monnaie locale est réservée à un nombre limité de biens et de services. Elle n’a pas vocation à faire l’objet de spéculation ou à être épargnée, mais à dynamiser un territoire en favorisant les circuits courts et les achats de proximité. Elle a donc bien souvent une date de validité, au-delà de laquelle elle commence à perdre de la valeur. C’est ce qu’on appelle une monnaie fondante.
Les monnaies locales ont été reconnues en France comme un moyen de paiement légal par la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire. Elles doivent être émises par des entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Qui peut utiliser une monnaie locale ?
Les monnaies locales peuvent être utilisées aussi bien par les particuliers que par les professionnels, à condition qu’ils adhèrent à l’association chargée de la gestion de cette monnaie, en réglant une cotisation et en acceptant sa charte éthique (respect de l’environnement, des conditions de travail, etc.)
Elles peuvent également être utilisées entre entreprises au sein de plateformes d’échanges interentreprises. Il s’agit de plateformes numériques sur lesquelles les entreprises échangent par le biais d’une monnaie interne, spécifique à cette plateforme. Dans ce cas, l’entreprise adhère à un réseau d’échange, qui permet de vendre et d’acheter des biens et des services à d’autres entreprises. Au moment de régler la transaction, elle achète à crédit. Dans ce cas, la monnaie locale permet de pallier le manque de trésorerie sans passer par un crédit bancaire.
À quoi servent les monnaies locales complémentaires ?
Les monnaies locales ont tout d’abord des objectifs économiques, puisqu’elles visent à dynamiser les échanges locaux et à soutenir l’activité locale. Les grandes chaînes de magasins sont exclues du dispositif, qui est réservé aux commerces de proximité et aux artisans.
Au Brésil, le développement de centaines de monnaies locales a permis de relancer l’économie de certains quartiers des favelas. On peut par exemple citer la monnaie « le Palmas », émise par la Banco Palmas, une banque communautaire créée par des habitants d’une favela de Fortaleza au nord-est du Brésil, et qui accorde des micro-crédits en monnaie locale pour financer des projets solidaires locaux.
Les monnaies locales présentent donc également des bénéfices sur le plan social, en redonnant du pouvoir d’achat à leurs utilisateurs, et permettent aussi de soutenir des projets environnementaux : elles peuvent être utilisées pour encourager l’achat de produits issus de l’agriculture biologique, la réduction de déchets ou encore le développement d’énergies renouvelables.
Quelques exemples de monnaies locales en France
En France, la plus grande réussite est la monnaie locale du Pays basque, l’Eusko. Un euro équivaut à un eusko, et les euros échangés sont placés dans un fonds solidaire pour soutenir les associations et les entreprises locales qui adhèrent au projet. Il est également possible, depuis 2017, de payer localement avec une carte de paiement dédiée à l’Eusko.
Il y a aussi le Galais, la monnaie locale de Ploërmel en Bretagne, la Bou'sol boulonnaise ou encore le Sol-Violette toulousain.
On peut également citer la Gonette, qui est la monnaie locale de la région lyonnaise. Les gonettes sont majoritairement dépensées dans le secteur alimentaire, mais elles englobent également la culture, puisqu’il est possible de payer sa place avec la monnaie locale dans un cinéma de Villeurbanne.
Les monnaies locales complémentaires ont donc comme vertu principale la dynamisation de l’économie locale.