Des startups du droit en plein essor
Le secteur LegalTech est en plein essor. En 2018, les investissements dans les plateformes technologiques juridiques ont dépassé le milliard de dollars. À la fin du troisième trimestre 2019, ceux-ci ont atteint 1,23 milliard de dollars, un montant qui montre que le secteur est en phase de croissance.
Les professionnels du droit, confrontés à la hausse des coûts d’exploitation et aux menaces de perturbation posées par des modèles non traditionnels, ne peuvent plus ignorer les changements et innovations. Les LegalTech tentent de répondre à leurs problématiques en se concentrant essentiellement sur le partage d’informations, en particulier via les marketplaces dédiées aux avocats, et sur la production de services juridiques. Les services d’aide à la prise de décision se développent progressivement, bénéficiant d’un intérêt croissant de la part des praticiens comme des investisseurs. Ils portent principalement sur l’analyse des décisions passées (articles de loi, doctrine, jurisprudence) et leur traitement statistique.
Les nouveaux outils déployés par les LegalTech, sans entraîner la disparition des juristes, devraient conduire à redessiner les contours de leur profession. Ils donnent même naissance à de nouveaux métiers (chef de projet legaltech, juriste marketeur, juriste data, juriste privacy, etc.) permettant de mesurer l’ampleur de la transformation de ce secteur.
Des freins réglementaires et culturels
Même si le marché des LegalTech a montré des signes de maturité ces dernières années, il n’en est encore qu’à ses débuts. De nombreux progrès doivent être réalisés, notamment concernant l’Intelligence Artificielle ou les « legal data lake » (ou lac de données) qui n’auront un impact qu’à long terme.
Par ailleurs, si la cible commerciale de ces acteurs s’est considérablement diversifiée ces 5 dernières années, la structure du marché du droit français ne fonctionne pas comme un marché capitalistique classique et n’incite pas à l’innovation. Selon une étude menée en 2018 par Maddyness, plus d’un tiers des jeunes pousses interrogées déclarent être entravées dans leur développement par des freins réglementaires. Le moteur d’informations juridiques Doctrine, qui a levé 10 millions d’euros auprès de Xavier Niel et d’Otium, s’est par exemple heurtée à la lente ouverture des décisions de justice. Outre la législation tardive, les LegalTech doivent faire face au Conseil national des barreaux, l’instance représentative nationale des avocats, qui a multiplié les recours devant le juge judiciaire pour protéger ces professionnels.
Malgré ces freins, de nombreuses initiatives sont en cours (comme le Village de la LegalTech qui se tient chaque année ou France Digitale qui a créé un groupe réunissant les pépites de la LegalTech) et devraient renforcer l’intérêt pour les technologies juridiques.