Fusionner pour une meilleure rentabilité
Dans son discours de présentation du rapport de l’APCR, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, insiste sur le niveau de rentabilité assez faible du secteur bancaire français en 2019. « Le secteur bancaire européen n’a pas, comparé notamment aux banques américaines, une rentabilité excessive ni à toute épreuve », déclare-t-il en introduction de ce rapport.
La part de marché des 5 premières banques américaines dépasse les 40 %, tandis que celle des 5 premiers groupes de la zone euro atteint à peine les 20 %. La rentabilité des fonds propres, ou RoE (d’après l’anglais « Return on Equity »), sert à mesurer la rentabilité annuelle des capitaux propres mis à disposition d’une entreprise par les actionnaires, et permet donc d’évaluer l’efficacité des investissements.
Le RoE est l’outil de mesure par excellence des performances du secteur bancaire. Il est de 11 % aux États-Unis pour l’année 2019, contre seulement 5,6 % en moyenne dans la zone euro, ce qui « pèse sur la valorisation boursière des banques européennes », selon François Villeroy de Galhau. En France, il est de 6,5 %, de 7% en Espagne et de 5,2 % en Italie.
Or, « l’effet de taille est un atout », déclare le gouverneur de la Banque de France, qui souhaite donc encourager le développement des fusions transfrontalières. Toutefois, sur le plan réglementaire, les fusions sont rendues difficiles par une certaine absence de synergie, sans compter les réticences politiques.
Les banques face au défi de la crise économique
À la crise économique et sanitaire, qui a provoqué pour les quatre premiers groupes bancaires une diminution de leurs revenus de 5 % au premier trimestre 2020 par rapport au premier trimestre 2019, s’ajoutent deux motifs de faible rentabilité évoqués par François Villeroy de Galhau : les taux bas et la digitalisation.
Selon lui, les taux bas, « qui s’inscrivent désormais dans la durée, soumettent les banques et les assureurs à des pressions sur leur rentabilité. » Par ailleurs, la digitalisation place les banques dans une situation de concurrence peu équitable avec d’autres acteurs économiques, plus particulièrement les Big Techs.
Le gouverneur de la Banque de France assure que l’APCR maintient une vigilance forte sur le secteur bancaire, affirmant que « plus que jamais, un superviseur compétent et un système financier résilient sont deux impératifs face à la crise. »