Des réserves de liquidités
Ce phénomène s’explique en partie par les réserves de liquidités constituées par les entreprises françaises après la crise de 2008. Voyant se fermer très rapidement l’accès aux marchés financiers, elles se sont alors constitué un matelas de sécurité.
Si l’on enlève de la dette des entreprises françaises les placements mobilisables à court terme et les dépôts bancaires, leur taux d’endettement diminue considérablement. D’après une note de conjoncture de l’Insee publiée fin 2017, ces réserves de liquidités sont le fait des mêmes entreprises, le plus souvent des grands groupes du secteur manufacturier. Lorsque l’on retranche de la dette les liquidités et les actifs détenus, « le taux d’endettement apparaît ainsi relativement contenu au sein des entreprises françaises », expliquait la note de l’Insee.
Fin mars, en pleine crise sanitaire, le gouverneur de la Banque de France exhortait les chefs d’entreprise « à ne pas constituer de réserves de liquidités ». François Villeroy de Galhau déclarait alors : « C'est inutile, je le redis aux grands groupes, tirer des lignes de liquidités cela n'est pas justifié, ça absorbe les capacités des banques. Les liquidités sont là, et elles seront là. J'en appelle à la responsabilité de chacun. »
Une rentabilité relativement faible
Autre explication à cet endettement des entreprises françaises : leur rentabilité relativement faible en comparaison avec les autres pays ne les empêche pas d’investir toujours plus depuis 2009.
N’étant pas en mesure de financer ces investissements, les entreprises françaises s’endettent auprès des banques. Depuis 2003, elles peuvent emprunter à des taux très bas, en moyenne 1,22 % en juin 2020. Par ailleurs, ce phénomène s’est accéléré avec la crise du Covid-19 et le dispositif de prêts garantis par l’État (PGE).
De nombreuses multinationales
Enfin, les multinationales sont nombreuses en France. C’est le quatrième pays qui regroupe les 500 plus grosses entreprises du monde, se classant ainsi devant l’Allemagne, la Suisse et le Royaume-Uni. Or les multinationales ont un fonctionnement bien spécifique : elles profitent des taux très bas pour faire des réserves de liquidités, afin de ne laisser passer aucune opportunité d’acquisition.
Souvent, la tête du groupe s’endette pour redistribuer les fonds aux filiales étrangères et leur permettre de financer des activités. Le PIB ne prenant pas en compte le rendement de ces actifs, rapporter la dette des entreprises françaises au PIB n’est donc pas forcément pertinent.
Toutefois, le Haut conseil pour la stabilité financière incite déjà depuis plusieurs années à la prudence, notamment au cas où les taux des crédits bancaires viendraient à remonter.