L’Italie, pionnière de l’Europe pour accorder des moratoires sur les crédits bancaires
Le 15 mars, alors que la France préparait le confinement, les banques italiennes s’engageaient à soutenir les entreprises en reportant jusqu’à 6 mois des remboursements de crédits. Ce dispositif exceptionnel, sans pénalité pour les professionnels qui y recourent, avait permis de décaler le remboursement de 20 milliards d’euros.
Face aux craintes des entreprises, l’Italie a décidé de prolonger par décret les moratoires jusqu’à fin janvier 2021. En France, ni Bercy ni le secteur bancaire n’a pris position pour renouveler cette mesure.
Plus de la moitié des demandes concernent des PME/PMI
Le moratoire sera prolongé automatiquement, sans qu’il ne soit nécessaire d’accomplir de nouvelles démarches bureaucratiques. Pour le moment, près de 93 % des demandes ont été acceptées, sachant que la moitié concernent des PME/PMI, 3 % ont été rejetées et 4 % sont encore à l’étude.
Concernant les particuliers, 470 000 demandes ont été acceptées par les banques représentées par l’ABI, pour un montant total de 20 milliards d’euros. Il faut dire que le confinement a fortement impacté la consommation des ménages. Pour le pays, le Covid-19 représente un choc sans précédent, avec une chute du PIB qui devrait s’établir à 8,3 % en 2020. Celle-ci pourrait être suivie d’un « rebond partiel » de 4,6 % en 2021, précise l’Institut national des statistiques.
Des établissements de crédit fragilisés
Cette prolongation des moratoires des crédits bancaires n’est pas sans conséquence sur les banques déjà fragilisées par les crises de 2008 et 2012. La fédération bancaire redoute particulièrement le durcissement des règles européennes en matière de traitement des prêts à risque qui entreront en vigueur au 1er janvier 2021. Selon plusieurs spécialistes du secteur, l’application des nouvelles règles de la BCE sur les crédits détériorés (des prêts risquant de ne jamais être remboursés) en période post-Covid entraînerait « une bombe atomique ». Les établissements bancaires gardent néanmoins la possibilité de demander une garantie publique couvrant 33 % des retards de paiement ou de la hausse des tirages de lignes engagées.
Les banques italiennes espèrent revenir rapidement à une forme de normalité, ces dispositifs étant très coûteux. Pour le groupe Société Générale, les reports d’échéances accordés ces 6 derniers mois représentent par exemple 1,8 milliard d’euros. Chez le Crédit Agricole, ceux-ci représentaient à début juillet 4,2 milliards d’euros. En sortant du régime d’exception, les établissements pourront renouer avec leur développement commercial.