Prêts sous moratoire : un dispositif exceptionnel largement utilisé
Dès la mi-mars, les banques ont proposé aux entreprises de reporter de 6 mois leurs remboursements de crédits. Les modalités des moratoires diffèrent selon les pays, mais l’objectif reste le même : permettre aux emprunteurs, qu’il s’agisse des entreprises ou des ménages, de garder la tête hors de l’eau en suspendant et en reportant pendant quelque temps leurs mensualités.
Au total, 16 % des prêts accordés aux PME européennes ont bénéficié de ce dispositif, mais aussi 13 % des crédits immobiliers et 7 % des crédits hypothécaires. 50 % de ces moratoires ont déjà pris fin au mois de septembre ; en décembre, ce sera le cas de 85 % d’entre eux.
Si toute l’Europe est concernée par ce phénomène, la France arrive néanmoins en tête des pays européens en matière de moratoires. Ainsi, au 30 juin, le volume total des prêts concernés s’élevait à 255 milliards d’euros en France, contre 187 milliards en Espagne et 156 milliards en Italie.
La France, l’Espagne et l’Italie ont accordé les plus gros volumes de crédits, mais d’autres ont en revanche une proportion de prêts soumis à moratoire beaucoup plus élevée. En effet, si la proportion de prêts sous moratoire reste en France dans la moyenne, à savoir 7 %, elle atteint entre 20 et 50 % au Portugal, à Chypre et en Hongrie.
L’Autorité bancaire européenne invite les banques à la prudence
L’Autorité bancaire européenne estime que « les prêts sous régime de moratoire sont probablement associés à un risque de crédit accru », et appelle les banques à faire preuve de vigilance. « Les banques devraient rester vigilantes et évaluer en continu la qualité des actifs de ces expositions », déclare l’EBA.
Selon l’Autorité bancaire, il y aurait un risque qu’elle nomme « effet de falaise » : arrivés à expiration, ces moratoires pourraient faire « grimper rapidement et significativement le taux de prêts non performants dans les bilans des banques ».
En Italie notamment, la deuxième vague épidémique et les restrictions associées ont conduit les banques à accorder de nouveaux moratoires, ce qui fait craindre à l’EBA l’installation d’une « culture du non-remboursement ». En France, les banques n’ont en revanche pas proposé de nouveaux moratoires en masse, et seules les entreprises de la restauration et du tourisme ont pu bénéficier d’un report de 6 mois.