Des stress tests climatiques basés sur la hausse du prix du carbone
Les stress tests climatiques présentent une difficulté particulière : alors que les stress tests classiques, appelés aussi tests de résistance, s’appuient sur les données recueillies lors des précédentes crises économiques, les stress tests climatiques sont quant à eux basés sur des projections.
Pour pouvoir établir des scénarios malgré l’absence de précédent, la Banque de France et l’ACPR ont choisi de retenir le seul élément quantifiable en cas de crise liée au changement climatique : la hausse du prix du carbone.
3 scénarios ont été imaginés :
- dans le premier, le prix du carbone augmente de façon progressive ;
- dans le deuxième, il augmente plus fortement et est associé à une baisse du prix du pétrole ;
- dans le troisième et dernier scénario, le prix du carbone s’envole très rapidement.
La Banque de France sera l’une des premières banques mondiales à effectuer cet exercice, mais d’autres l’ont tout de même précédée, comme la DNB (De Nederlandsche Bank) aux Pays-Bas, qui réalisé ses premiers stress tests climatiques en 2019. La Banque d’Angleterre les prépare elle aussi pour 2021.
Des incertitudes et une pertinence parfois remise en question
Ces stress tests climatiques, auxquels seront également soumis les assureurs, font toutefois l’objet de critiques. Pour certains, leur pertinence est en effet limitée en raison d’un grand nombre d’inconnues, comme l’intensité de la crise climatique selon la zone géographique. Quelques spécialistes du risque estiment par ailleurs que les scénarios ne sont pas assez poussés, et leur opposent leurs propres scénarios élaborés en interne.
Pour autant, comme l’a déclaré début novembre le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, lors des journées de l’économie à Lyon, les régulateurs ont besoin « d’une "photographie des risques", à savoir l'identification et la publication des expositions, et d’une "vidéo des risques" fournie par des tests de résistance prospectifs sur le risque carbone » pour « mieux mesurer les risques à long terme associés au changement climatique » et pouvoir assurer la mission qui est la leur, à savoir « veiller à la stabilité financière ».
L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution estime quant à elle, dans une note publiée fin octobre, que « le changement climatique est encore intégré de façon partielle et hétérogène dans le processus de gestion des risques des établissements financiers », mettant en cause des informations ne détaillant pas suffisamment le risque physique et ne permettant « pas encore de quantifier l'impact de scénarios de transition énergétique sur les bilans bancaires ».
L’Autorité bancaire européenne va, de son côté, faire des propositions d’ici la fin du premier semestre 2021 portant sur l’inclusion des risques liés au changement climatique dans les stress tests.