Le risque croissant de créances douteuses
Avec la crise sanitaire, le risque d’une accumulation de créances douteuses se précise de semaine en semaine.
Si pour l’instant les impayés de crédit n’ont pas bondi, il ne fait guère de doute pour les autorités européennes que la tempête est à venir. En effet, dès lors que les divers dispositifs de soutien public à l’économie toucheront à leur terme, et que les prêts sous moratoire arriveront à échéance, la situation risque de basculer.
À l’heure actuelle, si les créances douteuses, dites de niveau 3, ont reculé de 10 % en un an, ce n’est pas le cas des créances de niveau 2, susceptibles de se transformer en impayés. Elles ont augmenté de 23 % en un an, et atteignent le montant de 1.200 milliards d’euros. Quant aux prêts sous moratoire, ils représentent 870 milliards d’euros.
Par ailleurs, les banques n’ont pas encore réussi à expurger totalement de leur bilan les créances douteuses de la crise de 2008, qui représentent encore 528 milliards d’euros.
Un dispositif de bad banks nationales
Pour éviter que les banques, plombées par ces créances douteuses, ne réduisent l’accès au crédit avec comme conséquence un frein pour la relance économique, la Commission européenne a établi un plan d’action dévoilé mercredi 16 décembre 2020.
Parmi les mesures envisagées, figure la création de bad banks nationales : ces structures de défaisance, appelées AMCs dans le secteur financier, ont pour but de racheter les créances douteuses des banques pour leur permettre de les ôter de leur bilan.
La création de ces structures de défaisance serait toutefois laissée à l’appréciation des États, et la mise en place d’une bad bank européenne a été écartée, car estimée trop complexe et coûteuse à mettre en place.
Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) s’est quant à lui dit inquiet de voir des emprunteurs en difficulté aux mains de sociétés de recouvrement, qui rachètent aux banques les créances douteuses en misant sur un remboursement plus important. Longtemps critiqué pour ses pratiques agressives, le secteur dit s’être restructuré et professionnalisé pour être à même de proposer des solutions d’accompagnement individualisées.