Qu’est-ce que le « badwill » ?
Le « badwill » autorise un acquéreur à comptabiliser un bénéfice s’il paye sa cible à un montant inférieur à sa valeur comptable. En temps normal, cette situation reste rare, les acheteurs payant le plus souvent un montant supérieur à la valeur comptable. Elle pourrait néanmoins devenir monnaie courante, car en Bourse, le secteur bancaire a particulièrement souffert. À fin octobre 2020, la Société Générale enregistrait par exemple une valorisation en baisse de 64 %. De même, l’indice boursier intégrant les banques britanniques comme HSBC avait atteint son niveau le plus bas depuis 1991. Depuis janvier 2020, celui-ci affichait une baisse de 43 %, soit beaucoup plus que celle de l’Euro Stoxx 50 (-14 %).
Par conséquent, la crise du Covid-19 a eu un impact certain sur la valorisation des banques en créant de l’incertitude sur leurs revenus et la qualité de leurs actifs. Un bilan valant 1 peut être racheté en déboursant 0,5. Désormais, l’acquéreur est en droit d’empocher le 0,5 d’écart, correspondant au badwill. Ce profit peut servir à financer l’opération, à couvrir les frais de restructuration ou encore à renforcer les fonds propres.
Faciliter les fusions bancaires
Dans la version définitive de son guide du 12 janvier 2021 sur la consolidation issue d’une consultation initiée en octobre dernier, la BCE précise aux banques ses attentes en matière de fusions-acquisitions. Sa position est claire : l’institution entend « faciliter les projets de consolidation durables ».
Deux principaux aspects sont censés rassurer les banques.
- Premièrement, les établissements déjà supervisés qui fusionnent ne devraient pas voir leurs exigences en fonds propres augmenter lors du premier exercice suivant l’opération.
- Ensuite, le badwill, dorénavant reconnu par la BCE, pourra être consacré à « améliorer la soutenabilité » du nouvel ensemble pour couvrir les coûts d’intégration ou les créances douteuses par exemple.
Vers une hausse des fusions bancaires en Europe ?
Reste à savoir si ce changement majeur déclenchera une vague de consolidation en Europe. Il faut dire que le mouvement s’est déjà accéléré en 2020. Parmi les opérations symboliques qui ont marqué l’année, il y a eu : le mariage en Italie d’Intesa San Paolo avec UBI Banca, et celui de CaixaBank avec Bankia. Dans un cas comme dans l’autre, le rapprochement a donné naissance à un nouveau champion national.
Si le nombre de fusions-acquisitions reste encore limité, c’est principalement à cause des freins réglementaires restant à lever. Effectivement, les banques se heurtent encore à des règles prudentielles pénalisantes.