Une sortie de crise qui s’annonce intense pour la médiation du crédit
Si le nombre de défaillances d’entreprises a été exceptionnellement bas en 2020, en raison des divers dispositifs de soutien économique mis en place par l’État, une forte hausse est attendue lorsque les filets de sécurité seront retirés.
En 2021 et en 2022, la médiation du crédit s’attend donc à devoir traiter de nombreux dossiers lors de la sortie de crise. Elle estime à 20 000 le nombre d’entreprises qui auraient dû faire faillite en 2020, mais qui ont survécu grâce aux mesures de l’État, et qui seront mécaniquement confrontées à d’importantes difficultés lorsque ce soutien cessera.
Par ailleurs, d’après les chiffres de la Banque de France, les entreprises françaises sont de plus en plus endettées. En février 2021, leur endettement a dépassé pour la première fois les 1900 milliards d’euros, soit une hausse de 12 %. De plus, elles devront pouvoir disposer de fonds supplémentaires si elles veulent relancer leur activité.
Or, selon Frédéric Visnovsky, le médiateur national du crédit, il est fort probable que les établissements bancaires refusent de prêter ces fonds supplémentaires, et durcissent les conditions d’octroi de crédit. La reprise pourrait donc être synonyme de nouvelles difficultés pour un certain nombre d’entreprises.
De nombreux recours à la médiation en 2020
Adossée à la Banque de France, la médiation du crédit est un dispositif public mis en place en 2008. Sa mission est d’accompagner les entreprises confrontées à des difficultés avec les établissements financiers, qu’il s’agisse des banques, des assureurs-crédit, des crédits bailleurs ou encore des sociétés d’affacturage.
Les 105 médiateurs départementaux interviennent en cas de refus d’octroi de crédit, mais aussi lorsque les entreprises voient leurs crédits existants dénoncés ou leurs demandes de rééchelonnement de dettes refusées.
En 2020, la médiation du crédit a accompagné 14 147 entreprises qui, pour la plupart, l’avaient saisie en raison d’un refus d’octroi de prêt garanti par l’État. Le nombre de dossiers traités a été 14 fois plus élevé qu’en 2019, et le 2ème trimestre 2020 a concentré à lui seul 58 % des saisines de l’année.
2021 ne s’annonce guère plus calme : au 1er trimestre, la médiation du crédit a traité plus de 1600 dossiers, soit presque 2 fois plus que durant le 1er trimestre 2020, alors que le pays avait déjà connu ses 2 premières semaines de confinement. Toutefois, le nombre de dossiers traités a diminué d’un tiers par rapport au 4ème trimestre 2020.