Des établissements de taille « systémique »
Ces chiffres s’expliquent en partie par la taille « systémique » des établissements qui composent le secteur bancaire français.
BNP Paribas a révélé que son résultat net a finalement diminué de 13,5 % en 2020, à 7,5 milliards d’euros, en raison d’une hausse du coût du risque. Cette performance reste néanmoins supérieure aux attentes des analystes. Les revenus du groupe sont restés relativement stables, à 43,3 milliards d’euros.
De son côté, le Crédit Agricole, autre poids lourd du secteur, a publié un bénéfice de 2,69 milliards d’euros pour 2020. Là encore, les résultats sont meilleurs que ceux attendus par les analystes qui tablaient sur un 4ème trimestre en pertes. Le groupe a compensé pour partie son coût du risque par des revenus en hausse.
BNP Paribas et Crédit Agricole cumulent à eux deux près de 11,8 milliards d’euros de bénéfices annuels, et ont donc contribué massivement aux résultats annoncés à l’échelle de la zone euro.
Rentabilité : la France creuse l’écart
Les performances financières des banques françaises ne s’expliquent pas seulement par leur poids naturel. Les grands groupes bancaires français ont mieux « performé » que les pays voisins qui, pour la plupart, affichent d’importantes pertes ou des bénéfices assez faibles. L’Espagne cumule par exemple 9 milliards d’euros de pertes nettes. L’Italie est également à la traîne avec 474 millions d’euros de bénéfices sur l’année, tout comme l’Allemagne qui a dégagé 1,3 milliard d’euros net l’année dernière.
Autre critère sur lequel la France se démarque : la rentabilité des fonds propres (RoE). Malgré une année perturbée par la crise sanitaire, le pays figure parmi les moins mauvais élèves, derrière la Finlande, la Belgique et l’Autriche. Le RoE de la France atteint 4,23 %, ce qui représente le triple de la moyenne européenne sur l’année. Selon la BCE, la France a pu tirer son épingle du jeu grâce à son modèle d’affaires, avec six grandes banques systémiques ou universelles.
Une moindre explosion des créances douteuses
Ces différences de résultats sont aussi liées à l’explosion des créances douteuses dans plusieurs pays. Les banques françaises ont passé moins de provisions de niveaux 1 et 2 que leurs voisines. Au total, près de 22 milliards d’euros de dépréciations et provisions ont été enregistrés en France l’an dernier, contre 37 milliards d’euros en Espagne ou 18 milliards d’euros en Italie.
Autre explication possible : le succès des prêts garantis par l’État (PGE) qui a limité les créances douteuses en préservant la trésorerie des entreprises.