Un arrêt qui inquiète le secteur bancaire allemand
L’arrêt du 28 avril de la Cour suprême allemande, qui interdit aux banques de modifier leurs conditions générales de ventes et d’augmenter les frais bancaires sans l’accord explicite de leurs clients, inquiète l’ensemble du secteur bancaire allemand.
À l’heure actuelle, seule Deutsche Bank a chiffré le montant qu’elle pourrait avoir à rembourser si tous les clients concernés déposaient une réclamation. La perte potentielle s’élève à 300 millions d’euros.
Parmi ces 300 millions, 100 millions d’euros sont prévus pour le deuxième trimestre 2021, une somme que Deutsche Bank a d’ores et déjà mise en réserve, et 200 millions d’euros pour le troisième et le quatrième trimestre, comme l’a indiqué James von Moltke, son directeur financier, à l’occasion de l’European Financials Conference organisée par la banque américaine Goldman Sachs.
Toutefois, James von Moltke a déclaré considérer cette perte comme temporaire, et envisage d’augmenter de nouveau les frais bancaires au quatrième trimestre, même si cela implique de perdre des clients.
Si les autres banques allemandes n’ont pas encore chiffré les conséquences de l’arrêt de la Cour suprême, elles n’en sont pas moins inquiètes et pourraient voir leurs bénéfices annuels divisés de moitié, comme le prédisait la BaFin, l’autorité fédérale de supervision financière, au mois de mai.
Commerzbank, la banque n° 2 en Allemagne, a déjà demandé le consentement explicite de ses clients pour introduire de nouveaux frais à compter du 1er juillet. Quant à Comdirect, filiale de Commerzbank, elle a mis en suspens les hausses tarifaires qui étaient prévues pour le mois de mai.
De nombreuses charges pour Deutsche Bank
Alors que Deutsche Bank se montrait particulièrement optimiste lors de la présentation, fin avril, de ses résultats financiers, avec un bénéfice trimestriel de 908 millions d’euros, la perte induite par l’arrêt de la Cour suprême allemande vient s’ajouter à d’autres charges et ternit quelque peu les promesses des mois à venir.
Ainsi, la banque allemande a dû verser une contribution plus importante que prévue au fonds de résolution unique (FRU), ce fonds de secours destiné aux banques en difficulté. Rattachés au conseil de résolution unique (CRU), le FRU et le montant des contributions versées chaque année font régulièrement l’objet de vives critiques de la part des établissements bancaires. Le montant de la contribution de Deutsche Bank s’élève cette année à 200 millions d’euros.
Enfin, la banque allemande doit faire face à une troisième charge : elle doit en effet verser 70 millions d’euros au fonds de garantie de la Fédération des banques privées allemandes (BdB) suite à la faillite de Greensill Bank.