Des livrets d’épargne frauduleux aux rendements alléchants
Entre le début de la crise sanitaire, à la fin du premier trimestre 2020, et la fin du premier trimestre 2021, les Français ont épargné 142 milliards d’euros de plus qu’habituellement sur la même durée. Ce phénomène s’explique à la fois par l’impossibilité de consommer en raison des mesures de confinement, et par une volonté de se mettre à l’abri face à un contexte économique incertain.
Les escrocs l’ont bien compris, et les tentatives de fraude se multiplient, ciblant notamment l’attrait des Français pour le Livret A. Les incitations à ouvrir de faux livrets d’épargne, offrant la même souplesse que le Livret A mais avec un rendement soi-disant nettement supérieur, se multiplient.
L’Association de défense des consommateurs de France (ADC France) traite actuellement un grand nombre de dossiers liés à des placements frauduleux, pour un montant total de plus de 30 millions d’euros depuis le 1er janvier 2021. Dans 50 % des cas, ces escroqueries portent sur des livrets d’épargne frauduleux, mais on trouve également d’autres faux produits, comme les contrats d’assurance, les services de paiement ou encore les crédits.
La multiplication et l’industrialisation des fraudes en ligne
Chaque jour, de nouveaux sites internet frauduleux apparaissent, et la tâche du Pôle commun de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) est immense : en 2020, le nombre de sites frauduleux recensés sur sa liste noire, en ligne sur le site ABEIS (Assurance Banque Epargne Info Service), a doublé par rapport à 2019. 1200 sites ou entités y ont été ajoutés l’année dernière.
Les escrocs ont non seulement profité du surplus d’épargne, mais aussi du fait que les Français, soumis aux mesures de confinement, ont passé beaucoup plus de temps chez eux en 2020, devenant ainsi plus « disponibles » pour le démarchage téléphonique et les réseaux sociaux.
En effet, les escrocs n’hésitent désormais plus à faire passer des publicités sur les réseaux sociaux, voire sur les sites internet de grands médias, en usurpant l’identité de sociétés ayant pignon sur rue. Les épargnants, ainsi mis en confiance, ne soupçonnent pas que leur interlocuteur n’est pas celui qu’ils imaginent.
L’ACPR et l’AMF redoublent donc d’efforts pour sensibiliser les Français à ces fraudes en ligne, même si leur industrialisation, comme l’évoque l’ACPR, rend la lutte contre ces tentatives d’escroquerie encore plus complexe.