La promesse d’un livret d’épargne rémunéré à 3 %
Créée en 2018, la fintech lilloise Swoon avait attiré beaucoup d’épargnants en quête d’un placement à un taux de rémunération plus intéressant que celui du Livret A, fixé à 0,5 %.
La néobanque proposait en effet un livret d’épargne rémunéré à 3 %, s’appuyant sur le crowdlending, une forme de financement participatif mettant en relation des particuliers et des entreprises en recherche de fonds.
Swoon accordait à ces TPE et PME des prêts à un taux d’intérêt de 5 %. Sur ces 5 %, 3 % revenaient donc aux épargnants, et 2 % à la néobanque. Le placement avait certes un taux de rémunération supérieur à celui du Livret A, mais les épargnants prenaient également un risque non négligeable.
Si au début tout fonctionnait pour le mieux, la crise sanitaire a contribué à dérégler le mécanisme : les délais de transferts d’argent se sont allongés, et les épargnants, dont l’inquiétude a été renforcée par le contexte économique incertain, ont commencé à vouloir faire machine arrière et souhaité récupérer les sommes placées. Dès lors, la néobanque était en route vers la faillite.
En réalité, le terme « livret » utilisé par Swoon n’était pas adapté. Si la fintech était juridiquement en droit de l’utiliser, puisqu’il n’est pas encadré, elle a toutefois joué sur le sentiment de confiance qu’inspirent aux Français les livrets d’épargne classiques comme le Livret A.
Or, comme l’a rappelé l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) à l’AFP, il est « impossible pour une vraie banque de proposer des livrets d’épargne garantis et sans risque avec une rémunération de 3 % ou plus pour un tel produit ».
140 clients encore en attente de remboursement
Le 26 juillet 2021, Swoon a été mise en liquidation judiciaire. 3 semaines plus tard, le 12 août, la néobanque a annoncé l’arrêt de ses activités à destination des particuliers, et fermé les accès aux comptes bancaires, à son application mobile et à son site internet.
Depuis, les épargnants ne disposent plus que d’adresses mail pour entrer en contact avec Swoon. Ils multiplient les demandes de remboursement, qui pour nombre d’entre eux sont encore en attente. Quentin Haddouche, le fondateur de la fintech lilloise, a affirmé au journal Les Echos que rembourser les clients était sa priorité.
Début septembre, ils étaient 300 en attente de remboursement. Aujourd’hui, ils sont encore 140 à n’avoir pas récupéré les sommes placées, ce qui représente en tout plusieurs centaines de milliers d’euros.
Point important : ce n’est pas Swoon qui doit rembourser les clients, mais l’entreprise Financière de Garantie, à laquelle la marque Swoon est adossée. Les deux sociétés ont été fondées par Quentin Haddouche, qui a confirmé début septembre à MoneyVox que la Financière de Garantie, disposant de l’agrément d’intermédiaire en opérations de Banque et en Service de Paiement (IOBSP), était bel et bien la société chargée de rembourser les clients.
Dans cette interview, Quentin Haddouche est resté très flou concernant les délais de remboursement, déclarant : « Pas 10 ans, mais pas 10 jours non plus ». Pour que la société soit en mesure de rendre aux épargnants les sommes placées, elle doit en effet attendre que les entreprises auxquelles des prêts ont été accordés remboursent progressivement leurs créances, ce qui explique la lenteur de la procédure.
Certains clients n’excluent pas de se tourner vers les tribunaux si leur argent tarde à leur être restitué.