En Allemagne, les branches financières des constructeurs automobiles comme Mercedes, BMW ou Volkswagen sont beaucoup plus rentables que les banques. Comment expliquer ce succès ? Zoom sur Volkswagen Financial Services.
Une rentabilité de 22 % pour Volkswagen Financial Services
La rentabilité de Volkswagen Financial Services, la branche financière du constructeur automobile Volkswagen, est telle qu’elle peut faire pâlir d’envie les banques allemandes. En 2021, le ROE (Return on Equity, autrement dit la rentabilité des capitaux propres) de Volkswagen FS a atteint 22 %, contre 3,8 % pour Deutsche Bank et 1 % pour Commerzbank.
L’année dernière, tandis que le bénéfice d’exploitation de Volkswagen Financial Services doublait pour s’élever 5,67 milliards d’euros, celui de Deutsche Bank atteignait 3,4 milliards d’euros. Quant à celui de Commerzbank, il se hissait difficilement à 1,1 milliard d’euros.
Dès 1949, Volkswagen Bank, qui a par la suite donné naissance à Volkswagen Financial Services, accordait déjà des crédits à ses clients pour l’achat d’une Coccinelle. Aujourd’hui, la branche financière du constructeur automobile continue de proposer des prêts à ses clients pour l’achat de véhicules, mais aussi des crédits immobiliers, des cartes de crédit et des assurances santé et voyage.
Par ailleurs, Volkswagen Financial Services est n° 1 sur le marché allemand du leasing, de l’assurance automobile et des prêts aux particuliers.
Une rentabilité boostée par des facteurs conjoncturels
En Allemagne, Volkswagen Financial Services n’est pas la seule branche financière d’un constructeur automobile à être plus rentable qu’une banque. Mercedes-Benz Mobility, celle de BMW, affiche 18 % de ROE et son bénéfice d’exploitation atteignait 3,7 milliards d’euros en 2021.
Plusieurs facteurs conjoncturels expliquent en partie cette rentabilité des branches financières des constructeurs automobiles. Tout d’abord, la pénurie de semi-conducteurs a entraîné des ralentissements et des interruptions des chaînes de production, ce qui a fait augmenter la valeur des stocks de véhicules d’occasion des constructeurs.
De plus, pour se débarrasser de leur excès de liquidités et éviter des pénalités, les banques allemandes ont accordé des prêts à des taux extrêmement bas aux constructeurs, ce qui a permis aux branches financières de ces derniers de proposer des prêts intéressants à leurs clients.
Enfin, la revalorisation du parc automobile des constructeurs leur a permis d’améliorer leur solvabilité et de diminuer le coût du risque.
À la différence de l’Allemagne, le marché français du leasing automobile est dominé par les banques. On peut ainsi mentionner la filiale ALD de Société Générale, qui a acheté pour un montant de 4,9 milliards d’euros le leader européen LeasePlan, ou encore la filiale Arval de BNP Paribas, qui compte 1,4 million de véhicules.
Toutefois, on observe depuis peu l’émergence de partenariats entre les constructeurs automobiles et les banques, à l’image de Icare, filiale de BNP Paribas, et de Volkswagen, ou encore de Stellantis, qui possède Opel, et de Crédit Agricole.