Sous le feu des critiques, plusieurs banques américaines ont décidé d’abaisser les frais facturés en cas de découvert bancaire. En France, les commissions d’intervention en cas d’incident bancaire sont plafonnées, mais les frais connaissent des variations importantes d’une banque à l’autre.
L’administration Biden demande aux banques d’abaisser leurs frais de découverts
Aux États-Unis, plusieurs banques ont pris la décision, fin 2021, de réduire les frais liés aux découverts, parmi lesquelles JP Morgan, Wells Fargo, et Bank of America. Capital One a choisi d’aller encore plus loin, en supprimant totalement les frais de découverts bancaires.
JP Morgan, dont le résultat net en 2021 a augmenté de 66 % par rapport à 2020 et a atteint la somme de 48,3 milliards de dollars, a mis en place de nouvelles mesures pour réduire les frais de découverts.
Bank of America a récemment annoncé son intention de diviser par plus de 3 les frais prélevés en cas d’incident bancaire, lorsqu’une opération intervient sur un compte qui n’est pas assez approvisionné. Jusqu’ici, ces frais s’élevaient à 35 dollars par opération ; un tarif qui sera ramené à 10 dollars à partir du mois de mai.
Quant à la banque Wells Fargo, elle autorise désormais ses clients à approvisionner leur compte dans un délai de 24 h en cas d’opération rejetée, pour éviter les frais. Par ailleurs, les frais qui étaient appliqués aux transferts de fonds entre comptes ont également été supprimés.
Cet élan commun est dû à la volonté de l’administration Biden de limiter ces frais, qui sont concentrés sur une faible part des ménages. Seuls 9 % des comptes suffisent à générer 80 % des revenus bancaires liés aux frais de découverts. Ces derniers n’ont cessé d’augmenter au fil des années : ils ont rapporté 12 milliards de dollars en 2015 aux banques américaines possédant plus de 1 milliard de dollars d’actifs, et 15,5 milliards de dollars en 2019.
À elles seules, les banques JP Morgan, Wells Fargo et Bank of America collectaient jusqu’ici 44 % des frais de découverts. Le Bureau de protection des consommateurs en matière financière (CFPB) a décidé de renforcer ses contrôles, se gardant la possibilité de prendre des mesures supplémentaires.
Frais de découverts : des revenus difficiles à estimer pour les banques françaises
En France, le sujet est tout aussi épineux. D’après une étude du comparateur Panorabanques, 46 % des Français ont été à découvert au moins une fois au cours de l’année 2021. 19 % l’ont été au moins une fois par mois, et 13 % une fois par trimestre.
Si les commissions prélevées en cas d’incident bancaire sont plafonnées depuis 2014, elles peuvent tout de même atteindre 8 euros pour chaque opération intervenant sur un compte insuffisamment approvisionné, dans la limite de 80 euros par mois.
Par ailleurs, il faut parfois ajouter à ces frais celui de l’envoi d’une lettre d’information par l’établissement bancaire, dont le montant moyen est de 9,70 euros, ainsi que les agios. Ces derniers varient selon les banques : il faut compter en moyenne 16 à 21 % de taux d’intérêt. Ce taux est appliqué au montant du découvert.
Contrairement aux États-Unis, le montant exact des frais de découverts collectés par les banques françaises est difficile à connaître précisément. Il est toutefois possible de se faire une idée en se basant sur les chiffres communiqués par les associations de consommateurs : selon elles, les frais d’incidents bancaires rapporteraient chaque année aux différents établissements 6,7 milliards d’euros.
D’après les chiffres de Panorabanques, les frais de découverts n’ont pas augmenté en 2021. En revanche, il existe d’importantes variations selon les banques. Ainsi, les clients des banques en ligne sont logés à meilleure enseigne que ceux des banques traditionnelles. Tandis que les premiers n’ont déboursé en moyenne que 4 euros de frais de découverts en 2021, les seconds ont payé 66 euros.
Pour les clients, toutes banques confondues, qui ne disposent pas d’un découvert autorisé, se retrouver avec un compte insuffisamment approvisionné peut coûter en moyenne 235 euros par an.