La Banque centrale européenne fixe un ultimatum exigeant que les banques de la zone euro améliorent leurs provisions sur certains anciens prêts non performants (crédits impayés, créances douteuses). Les banques concernées ne disposent plus que de quelques jours pour se conformer à cette demande. Dans le cas contraire, la BCE augmentera leurs exigences de fonds propres.
La BCE menace d’augmenter les exigences de fonds propres
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la Banque centrale européenne avait mis en suspens les contrôles effectués sur site, aux sièges des banques par exemple. Au mois de mars 2020, l’institution avait également abaissé provisoirement les exigences de fonds propres des banques de la zone euro, et suspendu un certain nombre de contraintes opérationnelles, notamment les stress tests.
Désormais, la crainte d’un violent choc économique est écartée, et la Banque centrale européenne souhaite par conséquent un retour à la normale. La semaine dernière, elle a ainsi annoncé que les banques ne disposaient plus que de quelques jours pour se conformer à ses attentes en matière de provisions sur les créances douteuses.
Concrètement, la Banque centrale européenne demande aux banques de la zone euro de passer davantage de provisions pour couvrir certains prêts non performants, accordés avant le 26 avril 2019. À défaut, l’institution augmentera les exigences de fonds propres des banques concernées.
Un déficit de provisions qui concernerait 1 banque sur 4
Fin 2020, la BCE avait estimé à 13,5 milliards d’euros ce déficit de provisions. En 2021, celui-ci n’est plus que de 5,8 milliards d’euros, soit une baisse de 7,7 milliards d’euros. Ce montant est relativement peu élevé, et représente en moyenne 0,07 % du ratio de fonds propres des banques ciblées par la BCE.
D’après Elizabeth McCaul, membre du conseil de supervision de la BCE, seule une banque de la zone euro sur quatre devrait présenter un déficit de provisions malgré les avertissements. Dans ce cas, ces banques verront leurs exigences de fonds propres augmenter lors du prochain processus de contrôle et d’évaluation prudentiels (ou « SREP » pour « Supervisory Review and Evaluation Process ») de la BCE.
Une situation qui ne sera pas irréversible pour les banques concernées : en quelques semaines, elles pourraient de nouveau voir leurs exigences en fonds propres diminuer, à condition de couvrir davantage leurs créances douteuses.
Si les créances douteuses ont considérablement diminué dans la zone euro depuis 2014, passant de 1000 milliards d’euros à 422 milliards d’euros fin septembre 2021, la Banque centrale européenne reste très vigilante. Plus tôt dans l’année, le montant de ces créances avait fait l’objet de certaines inquiétudes, passant de 444 milliards d’euros en décembre 2020 à 455 milliards d’euros en mars 2021.
Par ailleurs, le retrait à venir de certaines aides publiques et l’intensification de la circulation du SARS-CoV-2 en cette fin d’année appellent la BCE à rester prudente.