Véritable cheval de bataille du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, l’accession à la propriété est rendue difficile par la hausse rapide des taux d’intérêt du crédit immobilier. Pour préserver les ménages, dont le pouvoir d’achat est déjà mis à mal par l’inflation, le gouvernement a demandé aux banques de freiner la hausse des taux.
Des efforts en faveur du pouvoir d’achat et de l’accession à la propriété
Le ministère de l’Économie et des Finances a reçu mercredi 24 août des représentants du secteur bancaire, comme l’a rapporté le quotidien Le Parisien. Dans le cadre de cette réunion technique, Bercy a demandé aux banques de freiner la hausse des taux d’intérêt du crédit immobilier pour préserver l’accession à la propriété.
Quelques jours plus tôt, Bruno Le Maire avait annoncé son intention de réunir les banques à la rentrée pour leur demander de fournir un effort concernant le pouvoir d’achat des Français, affaibli par l’inflation.
Bercy entend obtenir de la part des établissements bancaires une diminution de leurs frais. Un effort est également attendu du côté des assureurs, appelés à réduire les primes de certaines assurances (véhicule et logement notamment).
De leur côté, les banques protestent depuis plusieurs mois contre le taux d’usure actuellement établi à 2,57 % pour les crédits immobiliers d’une durée de 20 ans ou plus. Il est considéré par les banques et les courtiers comme trop bas par rapport aux taux du marché.
Les professionnels du secteur pointent également du doigt la méthode de calcul du taux d’usure, qui n’est révisé que tous les 3 mois et progresse selon eux trop lentement dans ce contexte de remontée rapide des taux.
Le taux d’usure au centre des crispations
Selon les banques, le taux d’usure bloque de nombreux dossiers de demande de crédit immobilier. Un récent sondage réalisé par Opinion System à la demande, entre autres, de l’AFIB (Association française des intermédiaires en bancassurance), révèle que les conditions d’accès au crédit immobilier sont plus strictes : 45 % des demandes de prêts immobiliers ont été refusées depuis le 1er janvier 2022 à cause du taux d’usure.
Si le ministère de l’Économie et des Finances assure être attentif aux exigences des banques à ce sujet, il refuse pourtant, à ce jour, de réviser la méthode de calcul pour ne pas exposer davantage les ménages au risque de surendettement.
L’effort demandé aux banques par Bercy concernant la hausse des taux pourrait permettre de débloquer un certain nombre de dossiers, sans pour autant avoir à réviser la méthode de calcul du taux d’usure.
Le gouvernement considère par ailleurs que les banques disposent d’une marge de manœuvre suffisante, avec un taux moyen du crédit immobilier de 1,35 % et un taux d’usure sur le point d’être une nouvelle fois augmenté en octobre.
De son côté, la Banque de France balaie les arguments des professionnels, qui estiment que le marché est ralenti par le taux d’usure. La production de crédits à l'habitat à destination des particuliers ne cesse d’augmenter depuis le mois de janvier, avec une hausse de 6 % par mois. Parmi ces crédits, un sur deux est accordé à des primo-accédants, dont 20 % sont des ménages modestes.
La Banque de France a malgré tout entendu les demandes du secteur, puisqu’elle a procédé à quelques aménagements dans sa méthode de calcul : depuis le mois de mai, la collecte des taux d’intérêt des banques n’est plus trimestrielle, mais mensuelle, pour permettre une révision du taux d’usure plus en phase avec l’évolution du marché.