Crédit immobilier : les conditions d’emprunt se dégradent

Alors que les taux du crédit immobilier continuent à augmenter, avec une moyenne estimée à 1,33 % en juin contre 1,26 % en mai et 1,19 % en avril, les délais de traitement des dossiers s’allongent. Pour certains ménages, c’est la double peine, les conditions d’emprunt se dégradent.

Des délais de traitement de plus en plus longs

Si les délais de traitement des dossiers de demande de prêt immobilier varient beaucoup d’un établissement bancaire à un autre, la tendance générale est à l’allongement de la durée.

Envoi de documents supplémentaires, conseillers absents à cause du Covid-19, les petits retards s’accumulent et peuvent avoir des conséquences lourdes en période de hausse des taux.

L’arrivée de l’été, avec 50 % des effectifs en congés annuels, ne va pas arranger la situation, d’autant que certaines banques ont décidé de ne plus coopérer avec les courtiers pour pouvoir conserver des marges plus confortables, leur bénéfice ayant été rogné lors de la dernière baisse du taux d’usure au mois d’avril.

Ces différents facteurs cumulés vont accroître le phénomène d’encombrement, ce qui risque de pénaliser certains ménages, qui voient les taux continuer à grimper pendant le traitement de leur dossier.

Les taux des crédits immobiliers continuent à augmenter

Selon les estimations de la Banque de France, les taux du crédit immobilier ont atteint une moyenne de 1,33 % au mois de juin. En mai, la moyenne était de 1,26 %, et de 1,19 % au mois d’avril.

Le niveau reste toutefois historiquement bas. On est encore loin des taux moyens de 3 % observés il y a 10 ans, et malgré la hausse, les taux se maintiennent en dessous du niveau de l’inflation, qui était de 5,8 % au mois de juin.

Cependant, ils continuent inexorablement à progresser et se rapprochent de plus en plus du taux d’usure, soit le taux maximal que les établissements bancaires peuvent légalement appliquer.

Le taux d’usure, qui est révisé chaque trimestre, a été abaissé en avril puis relevé au 1er juillet, passant de 2,43 % à 2,58 %, voire 2,63 % pour les prêts immobiliers d’une durée de 20 ans et plus, et de 2,44 % à 2,60 % pour les prêts immobiliers d’une durée de 10 ans.

Selon les professionnels du secteur, les dossiers justifiant un taux plus élevé que le taux d’usure sont de plus en plus nombreux et risquent d’être refusés, ce qui complique considérablement l’accès à la propriété pour certains ménages. Les professionnels regrettent que le taux d’usure remonte plus lentement que le taux du crédit immobilier, et s’attendent à un recul de la production à partir du mois de septembre.

Pour l’heure, la production de crédits n’est pas encore impactée. Au mois de mai, le taux de croissance des crédits à l’habitat atteignait son niveau le plus haut en 5 ans, soit 6,8 %.