Le dernier rapport du CNP (Conseil national de productivité) fait un état des lieux de l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur la productivité et la compétitivité du pays par rapport aux autres pays européens. Il se concentre également sur les facteurs structurels du ralentissement de la productivité française à l’échelle régionale et sectorielle, ainsi qu’au niveau individuel des entreprises. Revue de détail.
Des résultats positifs sur le plan européen
Le Conseil national de productivité estime que la France a bien géré la crise sanitaire en 2020-2021 aussi bien du point de vue de l’emploi, du PIB, de la mortalité que de la santé financière des entreprises. En effet, la reprise a été plus forte en France que dans les autres États membres de la zone euro.
D’abord, la France a été l’un des premiers pays à rattraper son niveau de PIB d’avant-crise à l’été dernier. La situation de l’emploi s’est améliorée avec un taux de chômage passant de 8,1 % en 2019 à 7,4 % l’année dernière et un taux d’emploi total supérieur de 1,1 point à partir du troisième trimestre 2021.
Ensuite, le pouvoir d’achat des ménages s’est rétabli, dépassant le niveau d’avant-crise au troisième trimestre 2021.
Le CNP constate « une situation plus favorable que celle observée en moyenne dans les autres pays européens ».
Des gains de productivité concentrés dans une seule région
Malgré ces résultats encourageants, les gains de productivité enregistrés restent inégalement répartis sur le territoire. La région Île-de-France est la seule à justifier d’un taux de croissance de la productivité par tête supérieur à 1 % par an. À titre de comparaison, 6 régions affichent ce score en Suède, 5 en Allemagne et en Espagne, 2 au Royaume-Uni.
Selon le CNP, les divergences entre les territoires s’expliquent principalement par le fait que les secteurs qui portent la croissance de la productivité nationale se concentrent majoritairement dans la région où est située la capitale.
Pour autant, le Conseil souligne que les autres régions françaises sont « plus homogènes en termes de productivité et de croissance que celles des autres pays européens ».
Les effets positifs du télétravail
Utilisé massivement pendant la pandémie, le télétravail peut augmenter sur le long terme la productivité des entreprises, souligne le Conseil national de productivité dans son rapport « Productivité et compétitivité : analyses conjoncturelles et structurelles post-Covid ». Plus précisément, une progression d’un point du pourcentage de salariés en télétravail améliorerait la productivité globale des facteurs d’environ 0,45 %.
Pour prolonger les effets positifs du travail à distance, le CNP indique que le recours à cette pratique doit être modéré.
Une enquête de l’OCDE citée par le rapport révèle que la fréquence optimale du travail à distance se situerait « entre deux et trois jours par semaine », l’objectif étant que « ses effets positifs sur l’efficacité des travailleurs surpassent les pertes ».