Les fédérations professionnelles des banques, des assureurs et des acteurs du numérique craignent les effets de la réforme du bac sur l’enseignement des mathématiques au lycée auprès des jeunes filles. Face à l’aggravation de l’écart de formation entre filles et garçons, celles-ci alertent et suggèrent par exemple la mise en place d’objectif de mixité dans les enseignements de spécialité.
Les maths disparaissent du tronc commun
La mise en place de la réforme du bac, largement décriée par le corps enseignant, a entraîné une baisse considérable du nombre de jeunes qui suivent des cours de mathématiques. En effet, depuis sa disparition du tronc commun, la matière est choisie comme spécialité par seulement 37 % des élèves de terminale.
En volume, le nombre d’heures allouées aux mathématiques a beaucoup diminué. Le ministère de l’Éducation nationale précise que 180 000 heures de cours de maths étaient dispensées en 1ère et terminale en 2018, contre 150 000 en 2020, soit une chute de 18 %. Il s’agit donc de la deuxième matière à avoir le plus reculé après la technologie.
Même si en septembre 2021, 37,5 % des élèves de terminale ont choisi les maths comme enseignement de spécialité, il existe d’importantes disparités. Par exemple, les filles sont de moins en moins nombreuses à se tourner vers cette discipline puisqu’elles représentent seulement 40 % des élèves. Le ministère note également une sur-représentation des élèves d’origine sociale très favorisée.
Banques et assureurs défendent la mixité dans les filières scientifiques
Les fédérations professionnelles des banques, des assureurs et des acteurs du numérique s’alarment de la faible présence des jeunes filles dans les filières scientifiques et techniques, notamment depuis que les mathématiques ne sont plus qu’une option en classe de 1ère. Il faut dire que la plupart des métiers de la banque et de l’assurance sont constitués d’ingénieurs issus de ces filières. À cela s’ajoute le recrutement de data scientists, de spécialistes de la cybersécurité et de l’Intelligence Artificielle (IA) qui a augmenté pour répondre aux besoins liés à la transition numérique.
Pour continuer à satisfaire leurs besoins de recrutement, les fédérations professionnelles, France Assureurs, la Fédération bancaire Française (FBF) et Syntec, appellent à « fixer des objectifs de mixité dans les enseignements de spécialité au lycée », c’est-à-dire des quotas de filles en mathématiques et dans les matières scientifiques. Elles suggèrent que ceux-ci s’établissent à 30 % sous 3 ans à compter de 2022 et à 40 % d’ici 2028.
De manière générale, les trois fédérations appellent à repenser la relation entre l’enseignement supérieur et le monde de l’entreprise en révisant par exemple les diplômes de manière systématique pour tenir compte des compétences requises sur le terrain.
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, semble avoir entendu les critiques et a annoncé la création, le 17 février dernier, d’un « comité d’experts » sur les mathématiques chargé d’auditionner les acteurs de la discipline.