Depuis le début de l’année, les investisseurs prennent moins de risques. Ils font preuve de prudence et sont moins attirés par les fintechs. Ces dernières ont plus de difficultés à lever des fonds, et voient leur valorisation baisser. Quant aux fintechs cotées, elles subissent les conséquences d’un contexte économique incertain et enregistrent de mauvaises performances en Bourse.
Valorisations et levées de fonds revues à la baisse pour les fintechs
Depuis plusieurs mois, de nombreuses fintechs voient les investisseurs s’éloigner et se montrer de plus en plus prudents dans un contexte économique certain, marqué par l’inflation, la hausse des taux, le ralentissement de la croissance et la guerre en Ukraine.
Dans le secteur des paiements, le cours de la fintech américaine Affirm, cotée en Bourse, a été divisé par deux en l’espace de 3 mois. La fintech suédoise Klarna, valorisée 45,6 milliards de dollars au début de l’année, a été contrainte de reporter son introduction en Bourse. Elle rencontre des difficultés à lever des fonds et pourrait voir sa valorisation chuter à 30 milliards de dollars. Elle a par ailleurs décidé de licencier 10 % de ses effectifs.
Les fintechs spécialisées dans le paiement ne sont pas les seules à subir les conséquences de la prudence des investisseurs. Ainsi, la valorisation de la néobanque brésilienne Nubank, qui a fait son entrée en Bourse au mois de décembre 2021, a chuté et été divisée par 3 en quelques mois.
La hausse des taux et la méfiance des autorités financières
Depuis le début de l’année, les levées de fonds sont moins importantes. Les financements dans le secteur de la fintech ont reculé de 18 % à l’échelle mondiale au cours du 1er trimestre 2022 par rapport au dernier trimestre 2021, d’après les données de la société CB Insights.
Au total, les fintechs ont levé 29 milliards de dollars de fonds au 1er trimestre 2022, et les prévisions sont encore plus alarmantes pour le 2ème trimestre, avec un montant estimé de 21 milliards de dollars.
Les fintechs semblent subir le même sort que le secteur de la tech, qui a perdu des milliards de dollars de capitalisation depuis le début de l’année. La hausse des taux d’intérêt a mis fin au goût du risque qui animait les investisseurs, jusqu’ici encouragés par des taux quasi nuls à financer des startups à peine rentables, voire déficitaires.
Outre la hausse des taux et le ralentissement de la croissance, la méfiance grandissante des autorités financières à l’égard des néobanques explique également la prudence des investisseurs. Très récemment, le FMI réclamait encore l’application de « règles plus strictes » pour lutter contre la criminalité financière.
Toutefois, ce désintérêt des investisseurs habituels pour les fintechs pourrait faire de la place à de nouveaux acteurs, à commencer par les banques pour lesquelles certaines opérations sont susceptibles de devenir plus accessibles.