D’après la dernière étude du comparateur Panorabanques, les frais bancaires pour retraits déplacés, autrement dit les frais facturés aux clients d’une banque lorsqu’ils retirent de l’argent dans une autre banque, augmentent de 39 % en 2022.
Des frais bancaires dont l’augmentation est peu remarquée
La pandémie de Covid-19 a favorisé les nouveaux usages en matière de paiement. Les paiements en espèces, qui étaient déjà de plus en plus délaissés par les Français au profit de la carte bancaire, sont en net recul. Par conséquent, les retraits aux distributeurs automatiques de billets se sont également raréfiés, ce qui a entraîné plusieurs banques à fermer des DAB ou à mutualiser leurs réseaux respectifs.
Ce recul des paiements en espèces a eu tendance à faire oublier certains frais bancaires, qui connaissent pourtant une hausse considérable en 2022. C’est le cas des retraits déplacés, à savoir les retraits effectués par les clients d’une banque dans un autre réseau d’agences. D’après l’étude du comparateur Panorabanques, ils sont facturés 39 % plus cher en 2022.
En 2021, un client payait en moyenne 8,60 euros par an pour 4 retraits déplacés par mois. En 2022, ce coût moyen passe à 12 euros par an pour un nombre identique de retraits déplacés.
Les banques réduisent le nombre de retraits déplacés gratuits
Cette augmentation des coûts s’explique par la diminution du nombre de retraits déplacés gratuits. Au total, 24 banques ont choisi d’abaisser leur nombre en 2022, parmi lesquelles les banques du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, le Crédit Agricole Val de France ou encore le CIC.
Plusieurs banques ont ainsi décidé de passer de 4 retraits déplacés gratuits par mois à 2. Les cartes bancaires classiques sont les principales concernées, tandis que les cartes haut de gamme sont plutôt épargnées par ces changements.
Une seule banque, le Crédit Agricole Sud Méditerranée, a choisi d’aller dans la direction opposée et d’augmenter le nombre de retraits déplacés gratuits avec une carte classique. Cette banque permet désormais à ses clients d’effectuer 4 retraits par mois dans un autre établissement sans être facturés, contre seulement 3 l’année dernière.
L’association de consommateurs CLCV avait déjà fait le constat de cette diminution des retraits déplacés gratuits dans son étude annuelle, Enquête tarification bancaire 2022 : des hausses là aussi, publiée le 4 janvier. Elle s’inquiète de cette décision prise par de nombreuses banques, alors même que la tendance est à la réduction du nombre de distributeurs et d’agences.
L’association de consommateurs Indecosa CGT craint quant à elle que l’augmentation des coûts des retraits pénalise en premier lieu les clients les moins favorisés, qui utilisent davantage les espèces.
La question de l’inclusion bancaire est au cœur d’un manifeste publié le 18 janvier par une cinquantaine de syndicats, d’associations et de partis politiques.
Les auteurs du manifeste appellent notamment les pouvoirs publics « à veiller à créer les conditions permettant de pérenniser l’usage de moyens de paiement gratuits pour l’ensemble de la population (espèces et chèques) ».