Le marché des fusions-acquisitions est fortement impacté par le contexte économique actuel. Selon l’indice Argos, au 1er trimestre 2023, le prix d’achat des PME s’est établi à 9,7 fois leur résultat brut d’exploitation, un chiffre en baisse par rapport à l’année dernière.
Les prix des PME au plus bas depuis 3 ans
« Les niveaux de valorisation commencent à être affectés par la nette dégradation du contexte politique et économique », rapporte Louis Godron, associé d'Argos, au journal Les Echos.
Preuve que la dynamique ralentit, les PME européennes non cotées ont été vendues en moyenne à 9,7 fois leur résultat brut d’exploitation au 1er trimestre, contre 9,9 fois en 2022. Il s’agit de la plus faible valeur enregistrée depuis le 1er semestre 2020, selon l’indice Argos. Le dernier pic a été relevé en août 2021, avec une valorisation moyenne de 11,6 fois l’Ebitda.
Plusieurs facteurs ont plombé le marché des fusions-acquisitions, notamment la guerre en Ukraine, la forte montée de l’inflation suite à la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, ainsi que la chute de la croissance aux États-Unis et en Europe.
Certains secteurs mieux valorisés
Bien que la valorisation moyenne soit en baisse, certains secteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu. Les opérations supérieures à 15 fois l’Ebitda représentent 14 % des transactions analysées par Argos depuis le 1er trimestre 2022 et concernent toutes les secteurs de la Tech et de la pharmacie.
À l’inverse, dans l’industrie en Europe, les prix ont reculé à 9,5 fois l’Ebitda, contre plus de 11 fois en 2021.
Sur le marché coté, la correction des prix est plus violente que dans le non-coté ce qui pousse les fonds à racheter des entreprises en Bourse. En juillet 2022, Astorg Asset Management avait ainsi déclaré avoir proposé le rachat de la société britannique d’information interentreprises, Euromoney, pour un montant de 2 milliards de dollars.
Pas de changement majeur attendu
« Ce sont surtout les opérations de haut de marché qui sont affectées, sur des valeurs comprises entre 150 et 500 millions d'euros. L'activité reste résiliente sur les transactions de plus petite taille », précise Louis Godron.
La dégradation du marché s’explique principalement par la faible part des fonds d’investissement. Actuellement, celle-ci est inférieure à 15 % alors qu’elle excédait 20 % deux ans plus tôt. De ce fait, les opérations de financement avec effet de levier (LBO) restent limitées.
Concernant l’évolution des prix dans les prochains mois, Louis Godron se montre prudent en indiquant que « les valorisations sont liées inversement au niveau des taux d'intérêt. Or on est loin encore de taux de 4 % comme dans les années 2007-2008 quand les multiples frisaient 8 à 9 fois l'Ebitda ».