En Europe, le prix de gros du gaz naturel a chuté à son niveau le plus bas depuis le début de la guerre russo-ukrainienne. Depuis plusieurs semaines déjà, les prix continuent de baisser, et le mégawattheure se vend désormais 5 fois moins cher qu’au mois d’août.
Le mégawattheure à son plus bas niveau depuis février 2021
Le Title Transfer Facility (TTF) de Rotterdam, qui est l’indice de référence pour le continent européen, a chuté lundi 2 janvier à 72,75 euros le mégawattheure pour livraison en février, soit une baisse de 4,67 %. Le mégawattheure tombe ainsi à son plus bas niveau depuis le 21 février 2022, 3 jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Energy prices in Europe keep falling due to milder temperatures & more wind this winter. European Gas prices plunge to lowest level since Feb 2022, 1y ahead German power price drops to lowest since May 2022. pic.twitter.com/N97qz0p5DJ
— Holger Zschaepitz (@Schuldensuehner) January 4, 2023
L’été dernier, les prix du gaz européen avaient été multipliés par 20. Le mégawattheure se vendait 320 euros en août, alors qu’il n’était auparavant facturé qu’une quinzaine d’euros. Cette tendance à la hausse avait débuté avant le début de la guerre en Ukraine, dès l’automne 2021, mais s’était intensifiée avec l’offensive russe.
Un taux de remplissage des stocks de gaz élevé et une demande en baisse
Si les prix continuent à baisser malgré la fermeture de presque tous les gazoducs entre l’Europe et la Russie, c’est en grande partie grâce au niveau élevé des stocks de gaz sur le continent. Les importations massives de gaz naturel liquéfié (GNL), qui proviennent majoritairement du Qatar et des États-Unis, ont permis de remplir les réserves.
En parallèle, la demande a été moins forte en raison de la douceur des températures automnales. D’après les données de GRTgaz, la consommation de gaz en France depuis le 1er août a baissé de 22,1 % chez les industriels et de 14 % du côté des réseaux de distribution publique par rapport à la même période en 2018.
European natural gas prices decline as persistent mild weather reduces demand and eases stress of the region’s energy systems https://t.co/qGRW4duPUh
— Bloomberg Markets (@markets) January 3, 2023
Le taux de remplissage des stocks de gaz en Europe est donc encore très élevé : il atteignait lundi 83,3 % selon les chiffres de Gas Infrastructure Europe, soit 30 % de plus qu’à la même période en 2021, et 10 % de plus que le taux de remplissage moyen des 5 dernières années.
La baisse des prix du gaz entraîne aussi une baisse des prix de l’électricité, car pour produire de l’électricité, nombreuses sont les centrales européennes qui utilisent du gaz. Le prix de gros de l'électricité pour 2023, qui avait franchi fin août la barre des 1000 euros le mégawattheure en France, s’est établi vendredi à 240 euros, soit son niveau le plus bas depuis le mois d’avril.
Pour autant, la baisse des prix de gros du gaz et de l’électricité ne signifie pas encore que la situation soit en passe de revenir à la normale.
D’une part, cette baisse n’est pas immédiatement répercutée sur les factures des consommateurs, les fournisseurs pratiquant un lissage des prix pour éviter des variations trop importantes et trop fréquentes. D’autre part, malgré la baisse des prix observée depuis plusieurs semaines, ceux-ci restent 3 fois supérieurs à leur niveau de l’été 2021. Enfin, l’Europe n’a pas encore trouvé d’alternative durable aux importations de gaz russe, et des difficultés d’approvisionnement sont encore à prévoir dans les mois à venir.