Les assureurs crédit qui couvrent les entreprises françaises contre les défauts de leurs partenaires étrangers, et plus précisément russes, doivent réagir rapidement à la crise de la guerre en Ukraine. Face aux sanctions économiques infligées par les pays occidentaux à la Russie, les entreprises s’inquiètent des conséquences sur leurs assurances à l’export.
Des garanties déjà limitées pour les marchés russes et ukrainiens
Dans un récent entretien accordé au quotidien Les Echos, Patrick Martin, le président délégué du Medef, expliquait que certaines entreprises, « en particulier dans le secteur du BTP ou de l’ingénierie, qui exécutent des commandes en Russie […] ne savent pas si leurs assurances export sont encore valides, ce qui suscite des inquiétudes ».
La Russie faisait déjà l’objet de sanctions avant le début de la guerre en Ukraine, et les assureurs crédit qui couvrent les entreprises françaises traitant avec des clients russes n’ont pas attendu l’invasion de l’Ukraine pour limiter leurs garanties.
Au total, le montant des garanties fournies par les assureurs privés, comme Atradius, Euler Hermes ou Coface, aux entreprises françaises ayant des activités en Ukraine et en Russie serait inférieur à 1 milliard d’euros.
Toutefois, depuis le 24 février et la mise en place de sanctions économiques inédites à l’encontre de la Russie, notamment l’exclusion du pays du réseau Swift, les assureurs crédit ont encore dû revoir leur copie.
Les entreprises françaises en attente de réponses
Les assureurs crédit ont notamment baissé la note qu’ils attribuent à l’Ukraine et à la Russie pour évaluer le risque que prennent les entreprises y ayant des activités.
Ainsi, l’assureur privé Coface place désormais au même niveau de risque l’Angola et la Russie, sans toutefois classer Moscou en « risque extrême » comme le Yémen ou l’Iran. Pour Euler Hermes en revanche, la Russie hérite de la plus mauvaise note en raison du risque considéré comme très élevé.
Si la signature de nouveaux contrats n’est guère d’actualité, Euler Hermes a tout de même décidé de prendre les devants en n’accordant plus aucune nouvelle garantie ou garantie additionnelle, que ce soit pour des activités en Russie ou en Ukraine.
Du côté des entreprises françaises, l’inquiétude monte en ce qui concerne les défauts de paiement des clients russes depuis le début de la crise. À l’heure actuelle, il leur est en effet difficile de savoir si une indemnisation sera possible.
Unique élément de réponse à l’heure actuelle : dans la majorité des contrats, seule une guerre entre deux des cinq pays membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, à savoir la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie, est considérée comme un motif d’exclusion de garantie.