Les deux géants américains Visa et Mastercard voient leur domination sur le secteur des paiements de plus en plus contestée. Du refus des cartes de crédit Visa par Amazon au Royaume-Uni à l’initiative EPI lancée en 2020 par plusieurs grandes banques européennes, l’hégémonie de Visa et Mastercard est remise en cause.
Le projet EPI, Amazon et Mir : la contestation de l’hégémonie de Visa et Mastercard
Le projet European Payments Initiative (EPI) rassemble 22 banques européennes, qui souhaitent mettre en place une solution de paiement commune pour contrer l’hégémonie des géants américains Visa et Mastercard.
Annoncé durant l’été 2020, le projet EPI porte sur la mise au point d’un système de paiement paneuropéen, reposant sur la technologie des transactions instantanées. Cette solution pourrait prendre en charge tous les versements dématérialisés, que ce soit par mobile, par carte, par virement ou par prélèvement. L’initiative EPI bénéficie du soutien de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et de plusieurs États membres de l’Union européenne.
Si pour l’heure, Visa et Mastercard ne semblent guère s’inquiéter de la mise en place d’une solution de paiement paneuropéenne, elle s’inscrit pourtant dans un mouvement plus général de remise en question de leur suprématie.
De son côté, Amazon a annoncé que ses clients britanniques ne pourraient plus régler leurs achats avec des cartes de crédit Visa. La mesure, qui sera effective à compter du 19 janvier prochain, est due aux commissions prélevées sur les paiements, jugées trop élevées par Amazon.
En Russie, le système de paiement par carte Mir, lancé en 2015 suite aux sanctions de l’Europe et des États-Unis liées à la crise ukrainienne, gagne des parts de marché sur les deux géants américains. Mir détient aujourd’hui 25,3 % du marché des transactions en valeur.
Par ailleurs, Visa n’a pas caché ses inquiétudes concernant la promotion faite par le gouvernement indien des moyens de paiement domestiques RuPay, une initiative locale.
Les géants américains du paiement se tournent vers les nouveaux usages
Pour conserver une longueur d’avance, Visa et Mastercard jouent la carte de l’innovation. Mastercard a ainsi acheté CipherTrace, une société d’analyse de cryptomonnaies, et Aiia, un acteur de l’open banking.
De son côté, Visa s’est offert la fintech suédoise Tink, un des leaders de l’open banking, pour 1,8 milliard d’euros. Le géant américain a également acheté la société britannique Currencycloud, qui facilite les paiements transfrontaliers en permettant aux fintechs et aux banques de fournir des solutions de change à leurs clients.
En parallèle, Visa développe sa plateforme Visa Direct, qui propose des solutions de paiement en temps réel aux entreprises.
Si ces innovations permettent à Visa et Mastercard de ne pas se laisser distancer, les deux géants américains ont toutefois une avance confortable. Entre janvier et septembre, le résultat net de Mastercard, de 6,3 milliards de dollars, a enregistré une hausse de 36 % en un an. Son chiffre d’affaires, qui s’élève pour les 9 premiers mois de l’année à 13,7 milliards de dollars, a quant à lui augmenté de 22 %.
Sur la même période, Visa a enregistré un résultat net de 12,3 milliards de dollars, soit une hausse de 13 %, et un chiffre d’affaires de 24,1 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 10 % par rapport aux 9 premiers mois de l’année 2020.