D’après une étude de la société de gestion BNY Mellon Investment Management, les femmes, aujourd’hui encore, investissent moins que les hommes. Pourtant, si leur investissement financier était similaire, il y aurait un afflux d’au moins 3 220 milliards de dollars supplémentaires d’actifs sous gestion. Quels sont les obstacles à l’investissement des femmes ? Décryptage.
Un potentiel de 3 220 milliards de dollars de capitaux supplémentaires
La société de gestion américaine BNY Mellon Investment Management (IM) a publié une étude consacrée à l’investissement financier des femmes, pour mieux comprendre les facteurs de l’écart qui persiste, dans ce domaine, entre les femmes et les hommes.
Cette étude, réalisée par le cabinet Coleman Parkes Research pour BNY Mellon IM, a été menée en recueillant les avis de 8 000 femmes et hommes dans 16 pays différents, dont la France, à travers 100 sociétés de gestion manipulant en tout près de 60 000 milliards de dollars d’actifs à la fin du 2ème trimestre 2021.
D’après les résultats de l’étude, si les femmes investissaient autant que les hommes, « il y aurait aujourd’hui au moins 3 220 milliards de dollars supplémentaires d’actifs sous gestion de la part de particuliers ».
Par ailleurs, les recherches de BNY Mellon IM ayant démontré que les femmes étaient plus enclines à réaliser des investissements « ayant un impact social et environnemental positif », il y aurait 1 870 milliards de dollars de capitaux supplémentaires dans l’investissement responsable si les femmes et les hommes investissaient au même rythme.
Un secteur conçu pour les investisseurs masculins
Selon les conclusions de l’étude, il existe 3 principaux obstacles à un investissement plus élevé des femmes. Tout d’abord, seules 28 % d’entre elles se disent suffisamment confiantes pour investir leur argent, ce que BNY Mellon IM considère comme une « crise de l’engagement ».
« Parmi les principaux aspects de la prise de décision financière, l’investissement est le domaine dans lequel les femmes se sentent le moins à l’aise, comparé aux décisions concernant l’épargne, l’immobilier ou la retraite », explique la société de gestion américaine.
De plus, elles pensent avoir besoin de près de 4 100 dollars de revenu mensuel disponible, soit presque 50 000 dollars par an, pour être en capacité d’investir. Pourtant, selon BNY Mellon IM, « seule une petite somme d’argent est nécessaire pour commencer à investir ».
Enfin, elles sont très nombreuses, 45 % au niveau mondial, à considérer qu’investir sur les marchés boursiers comporte trop de risque. Plus précisément, 49 % des femmes interrogées ont déclaré avoir un niveau modéré de tolérance au risque en ce qui concerne les investissements financiers, 42 % un niveau faible, et seulement 9 % un niveau élevé ou très élevé.
Or, d’après l’experte financière britannique Iona Bain, l’investissement n’est pas toujours « assorti d’enjeux extrêmement élevés ». « Par ailleurs, laisser son argent sur un compte épargne n’est pas non plus complètement dénué de risque. En effet, pendant une période de taux bas, l’argent qui reste sur un compte épargne subit une baisse du pouvoir d’achat à long terme, car il reste en deçà de l’inflation », explique-t-elle.
Des écarts importants ont toutefois été relevés selon les régions du monde. Ainsi, seules 20 % des femmes françaises interrogées ont déclaré croire en leur capacité à investir, contre plus de 40 % des femmes américaines, indiennes et brésiliennes. 62 % des Françaises ont même confié n’être pas intéressées par l’investissement, et 42 % hésitent à se tourner vers un conseiller financier.
Selon BNY Mellon IM, la responsabilité revient en partie au secteur d’activité, qui est essentiellement pensé pour les hommes. Pour 86 % des gestionnaires d’actifs, le client par défaut est un homme, et 76 % admettent que « les produits d’investissement de leur organisation sont essentiellement destinés à des investisseurs masculins ».
Pourtant, d’après les conclusions de l’étude, « l’investissement des femmes peut changer le monde […] car les femmes sont plus susceptibles d’investir dans des causes auxquelles elles croient, comme la protection de l’environnement ». L’un des leviers de l’investissement des femmes est, pour BNY Mellon IM, l’éducation financière.