Depuis le début de la crise sanitaire, les différents dispositifs publics de soutien aux entreprises ont entraîné une baisse des défaillances. Par conséquent, le secteur du restructuring, qui regroupe tous les professionnels spécialisés dans l’aide aux entreprises en difficulté, manque de dossiers d’entreprises à sauver et tourne donc au ralenti.
La chute des défaillances d’entreprises bouleverse le secteur du restructuring
Alors que l’économie française a dû faire face à une véritable déflagration due à la crise sanitaire, le nombre de défaillances d’entreprises n’a jamais été aussi bas, malgré la fin progressive des différentes aides gouvernementales.
Au 3ème trimestre 2021, 5 311 procédures collectives ont été ouvertes, soit 20,8 % de moins qu’au 3ème trimestre 2020. Fin septembre 2020, 37 000 jugements avaient été prononcés, contre seulement 28 000 fin septembre 2021, soit deux fois moins qu’avant le début de la pandémie de Covid-19.
Les professionnels du secteur du restructuring, dont le métier est de venir en aide aux entreprises en difficulté, s’étaient pourtant préparés à une vague de défaillances.
Administrateurs et mandataires judiciaires, tribunaux de commerce, cabinets d’avocats spécialisés, commissaires-priseurs judiciaires, huissiers spécialisés dans le recouvrement, cabinets de management de transition : tous avaient anticipé une forte hausse d’activité, et augmenté leurs effectifs en conséquence. Pourtant, faute de dossiers à traiter, le secteur du restructuring tourne aujourd’hui au ralenti.
Les administrateurs et mandataires judiciaires en manque de dossiers
Les plus impactés par la chute du taux de défaillances d’entreprises sont les administrateurs et mandataires judiciaires, qui sont spécialisés dans les procédures collectives allant de la sauvegarde à la liquidation, ainsi que dans les procédures amiables.
En France, seul pays dans lequel cette profession existe, on en compte 500, qui emploient en tout 3 200 personnes. Si la crise de 2008 leur avait été profitable, ce n’est pas le cas de la crise sanitaire du Covid-19. Ainsi, leur chiffre d’affaires moyen a baissé de 12,6 % en 2020, et deux tiers des études ont dû recourir à un prêt garanti par l’État.
Par ailleurs, quelle que soit la situation des entreprises dans les mois à venir, la baisse de revenus des administrateurs et mandataires judiciaires va se prolonger jusqu’en 2023, en raison d’un décalage de facturation d’une à deux années.
D’après une enquête de l’Institut français des praticiens des procédures collectives (IFPPC), 90 % des études de mandataires de justice enregistraient, fin 2020, une baisse d’activité d’au moins 30 % en un an. Malgré une réduction de 14 % de la masse salariale depuis début 2020, un professionnel sur deux envisage de réduire encore ses effectifs.
Si les dossiers de grandes entreprises comme Celio, Planet Sushi ou Comexposium sont convoités par une partie des professionnels du restructuring, ceux qui ont l’habitude de traiter les dossiers des TPE et des PME sont les plus en difficulté dans le contexte actuel.
En parallèle, les tribunaux de commerce ont fortement réduit le nombre d’audiences réservées aux restructurations, comme à Versailles, où seuls 4 dossiers sont traités chaque semaine, contre 30 à 40 en temps normal.
Les commissaires-priseurs judiciaires et les huissiers spécialisés dans le recouvrement, chargés de faire l’inventaire et de revendre les biens mobiliers dans le cadre de procédures collectives, sont également impactés par la chute des défaillances d’entreprises.
Parmi les différents professionnels du secteur, ceux qui s’en sortent le mieux sont les cabinets de management de transition. Le restructuring ne représentait, avant le début de la crise sanitaire, qu’une faible part de leur activité, entre 10 et 20 % en moyenne. Les avocats spécialisés tirent également leur épingle du jeu, en se consacrant à l’activité M&A (fusion-acquisition) et au conseil en transformation.