La banque de France prend la défense des Finctechs. À l’occasion d’une journée de réflexion consacrée aux fintechs, l’Autorité des marchés, la Banque de France et le gouvernement ont rappelé les banques à l’ordre, insistant sur l’importance de la collaboration avec les fintechs, à la suite de récentes tensions au sujet de l’open banking.
Collaboration avec les fintechs : les banques rappelées à l’ordre
Lundi 11 octobre avait lieu le Forum Fintech, organisé chaque année par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l’Autorité des marchés (AMF). Cet événement rassemble de nombreuses fintechs, la Banque de France et le gouvernement.
En introduction de cette journée, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a tenu à rappeler aux banques l’importance de la collaboration avec les fintechs, désignées comme des « acteurs incontournables » du secteur financier, qu’elles entendent bien moderniser grâce à leurs différentes innovations.
« J’appelle les banques à accompagner les transformations du système financier de manière constructive, sans faire preuve de craintes excessives », a déclaré François Villeroy de Galhau, selon qui la véritable menace provient des GAFA. « Si les banques et les fintechs ne savaient pas chacune innover, et souvent innover ensemble, les big tech ramasseraient la mise », a-t-il précisé.
De son côté, Cédric O, le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, a appelé à se demander « comment nous pouvons, ensemble, aller plus vite », plutôt que d’essayer de résister « à l’émergence de nouveaux acteurs ».
Même positionnement pour l’Autorité des marchés financiers : son président, Robert Ophèle, a évoqué la question de la réglementation. Pour lui, si elle ne doit pas avoir pour seul but de protéger les banques aux dépens des fintechs, il est tout de même nécessaire qu’elle soit renforcée pour éviter les blocages et les tensions.
Banques et fintechs : des crispations autour de l’open banking
Ce rappel à l’ordre, émis par les régulateurs financiers et le gouvernement à l’intention des banques, fait suite aux crispations engendrées par les récents propos du président de la Fédération bancaire française (FBF), Nicolas Théry.
Dans un entretien accordé fin septembre au quotidien Les Echos, Nicolas Théry avait déclaré ne pas croire à l’open banking, qui permet aux acteurs non bancaires, majoritairement des fintechs, d’accéder aux données des clients des différents établissements bancaires. Grâce à ces données, collectées avec le consentement des clients, les fintechs peuvent développer des applications et de nouveaux services.
L’open banking est, depuis l’entrée en vigueur en 2018 de la deuxième directive européenne sur les services de paiement (DSP2), une obligation pour les banques, ce que semble regretter le président de la Fédération bancaire française, qui estime que « l’exigence de confidentialité et l’intimité numérique ne sont pas négociables », ajoutant que « les données bancaires devraient être inaliénables ».
Cette prise de position de la FBF avait entraîné de vives réactions des fintechs, qui s’étaient notamment exprimées dans une tribune publiée par l’association France Fintech. Pour elles, ces propos étaient d’un autre temps, et les ramenaient « plusieurs années en arrière ». Elles rappelaient également être « régulées et supervisées par les mêmes régulateurs que les banques », à savoir la CNIL, l’AMF et l’ACPR, une garantie supplémentaire de la protection des données bancaires.
La position du président de la Fédération bancaire française est pourtant loin d’être partagée par l’ensemble des acteurs bancaires. Ainsi, Crédit Mutuel Arkéa a récemment rappelé son intérêt pour l’open banking, tandis que le dirigeant du groupe BPCE, Laurent Mignon, a déclaré être plus inquiet au sujet des GAFA que des néobanques.
Aux États-Unis, certains groupes bancaires se sont laissé séduire par une collaboration avec les GAFA, et commencent déjà à le regretter amèrement. Plusieurs établissements bancaires américains réclament en effet une baisse des commissions qu’elles versent à Apple pour chaque transaction effectuée via le service de paiement Apple Pay. La bataille s’annonce longue, et l’issue plus qu’incertaine.