La BCE veut imposer des exigences plus élevées en matière de fonds propres à Deutsche Bank et BNP Paribas estimant que ces banques n’ont pas suffisamment réduit leurs activités dans les prêts à effet de levier.
De nouvelles instructions adressées aux banques
Fin mars, la BCE avait demandé aux banques de mieux encadrer leur politique de distribution des prêts à effet de levier agitant la menace de nouvelles exigences en fonds propres. Ces prêts, qui correspondent à plus de 6 fois l’EBITDA (Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) des entreprises, sont principalement utilisés dans des montages d’acquisition par des fonds de private equity.
Cette demande faite par la BCE aux dirigeants des banques s’explique par les risques liés aux prêts à effet de levier. Alors qu’ils sont censés être accordés de façon exceptionnelle, ceux-ci ont pesé pour moitié dans les nouvelles transactions entre 2019 et 2020 et pour plus de 60 % au premier semestre 2021, indique le superviseur. Les autorités s’inquiètent notamment des banques qui, à la recherche de rendements élevés, octroient des facilités de crédits à des entreprises déjà très endettées.
Des avertissements ignorés par Deutsche Bank et BNP Paribas
Cela fait plusieurs mois que la BCE avertit les établissements contre le développement des prêts à effet de levier. Certains acteurs comme Deutsche Bank et BNP Paribas ont particulièrement attiré l’attention des autorités pour leur engagement très marqué dans cette activité lucrative.
La BCE a d’ores et déjà précisé que pour certaines banques, il y aurait cette année « quelques ajouts de capital dans le cadre du processus SREP ».
Le processus de contrôle et d’évaluation prudentiels permet d’évaluer les risques auxquels les banques sont confrontées et de vérifier si elles sont en mesure de les gérer de manière adéquate. En fonction des résultats obtenus, il peut aboutir à de nouvelles exigences en fonds propres.
La tension monte entre le superviseur bancaire et le secteur financier
Interrogée par Bloomberg, Deutsche Bank ne s’attend pas à un « changement significatif » dans ses exigences. BNP Paribas semble du même avis indiquant que les prêts à effet de levier ne pèsent que « quelques milliards » sur un encours de crédit total de près de 1300 milliards d’euros. Pour autant, les représentants des banques considèrent qu’une baisse de l’activité dans les prêts à effet de levier revient à couper les entreprises de leurs financements bancaires.
Christian Ossig, l’un des dirigeants de la Fédération bancaire européenne, dénonce « une vision supposée trop large de la finance à effet de levier de la part des autorités ».
Pour faire passer son message, la Banque centrale européenne ne tient pas à pénaliser le secteur bancaire. Lorsqu’un risque est identifié, l’idée est de réduire ce risque en passant par le dialogue, une injonction formelle avant une exigence en capital.