Pendant la crise sanitaire, les banques ont davantage prêté et les dépôts des clients ont considérablement augmenté. Conséquence : les bilans des établissements bancaires ont explosé, retrouvant des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis la crise financière de 2008.
Hausse des prêts bancaires et des dépôts
Si toutes les banques de la zone euro ont vu leurs portefeuilles retrouver des niveaux inédits équivalant à ceux d’avant la crise financière de 2008, le phénomène a été particulièrement important en France.
Le total des bilans des banques françaises a augmenté de 13,4 % entre la mi-2020 et la mi-2021, passant de 7 478 milliards d’euros à 8 485 milliards d’euros. Dans la zone euro, la hausse a été plus contenue, avec une moyenne de +3,1 %.
La hausse des bilans des banques est liée à deux phénomènes, observés depuis le début de la crise sanitaire il y a 18 mois :
- d’un côté, la forte augmentation des crédits accordés par les établissements bancaires ;
- de l’autre, l’explosion des dépôts effectués par les clients.
Ce double mouvement a porté le total des bilans des banques à 28 000 milliards d’euros fin juin, selon les chiffres de la Banque centrale européenne (BCE), soit le même niveau que durant la crise financière de 2008. Les portefeuilles des établissements bancaires avaient atteint leur niveau le plus bas en 2013, avec un montant total d’environ 23 000 milliards d’euros.
Les bilans des banques de la zone euro en forte augmentation
L’injection de liquidités dans l’économie et les différents financements des États et des banques centrales ont amplifié le phénomène. Les prêts bancaires accordés aux entreprises de la zone euro ont augmenté de 250 milliards d’euros au tout début de la crise sanitaire, entre les mois de mars et mai 2020. Il s’agit de la plus forte hausse jamais observée sur seulement 3 mois.
Cette hausse des prêts bancaires, associée à la hausse des dépôts et au rebond des marchés, qui ont valorisé les titres que les banques détenaient en portefeuille, a contribué à l’explosion des bilans.
On note toutefois des disparités entre les différents pays de la zone euro, avec une forte augmentation en France et des hausses moins importantes en Allemagne et en Italie. En Allemagne, le total des bilans des banques a augmenté de 1,4 % entre la mi-2020 et la mi-2021, et de 7,1 % en Italie sur la même période.
Les superviseurs européens doivent désormais s’assurer que cette hausse des bilans des banques n’est pas corrélée à une augmentation des créances douteuses. Si ce n’est actuellement pas le cas, la vigilance est tout de même de mise : les conséquences de la crise sanitaire ne seront entièrement visibles et mesurables que dans plusieurs années.
À l’heure actuelle, les signaux ne sont pas inquiétants : les niveaux de solvabilité du secteur bancaire ne se sont pas dégradés malgré la hausse des bilans, et les versements de dividendes sont de nouveau autorisés par la Banque centrale européenne.