Un rapport publié lundi 23 mai par la Banque des règlements internationaux (BRI) tire la sonnette d’alarme quant au niveau d’endettement des entreprises et des ménages, qui pourrait menacer l’équilibre du système financier. De son côté, la Banque de France (BDF) enregistre une hausse des incidents de remboursement de crédit. Zoom sur l'inquiétude des superviseurs.
Des emprunteurs plus vulnérables en cas de choc économique
La Banque des règlements internationaux, dans un récent rapport intitulé « Dette du secteur privé et stabilité financière » (« Private sector debt and financial stability »), s’inquiète du risque que représente pour le système financier le niveau élevé d’endettement des entreprises et des ménages « dans le contexte macroéconomique incertain qui a suivi la pandémie de COVID-19 et le début de la guerre en Ukraine ».
Selon la BRI, organisation qui se présente elle-même comme « la banque des banques centrales », la dette des ménages et des entreprises représente une menace pour la stabilité financière : lorsqu’elle atteint un niveau élevé, elle accroît la vulnérabilité des emprunteurs en cas de choc économique.
Ces derniers voient diminuer leur capacité de remboursement, ce qui crée un « risque plus élevé de tensions financières et de ralentissements économiques ».
Par ailleurs, « une dette élevée du secteur privé pourrait également avoir une incidence indirecte sur la stabilité financière en entravant l’affectation des ressources, en affaiblissant la demande globale ou en réduisant l’efficacité des politiques contracycliques », précise le rapport de la BRI.
Un contexte économique incertain
En 2020, l’endettement du secteur privé, qui englobe les ménages et les entreprises non financières, atteignait le niveau historique de 170 % du PIB mondial. L’année dernière, la reprise économique mondiale a permis de faire baisser un peu ce niveau, qui reste toutefois élevé.
Le contexte économique incertain augmente la menace que représente la dette pour le système financier. Les ménages pourraient voir leur capacité de remboursement de crédit immobilier mise à mal par la rapide progression de l’inflation, tandis que les entreprises sont d’ores et déjà confrontées à plusieurs difficultés, comme la hausse des taux et l’augmentation des prix des matières premières et de l’énergie.
Afin d'atténuer les risques liés à la dette des ménages et des entreprises, la BRI appelle les superviseurs à prévoir suffisamment de réserves pour faire face aux impayés et à utiliser divers outils comme les plafonds d’endettement, à l’image des recommandations émises par le Haut conseil de stabilité financière concernant les conditions d’octroi des crédits immobiliers.
De son côté, la Banque de France a enregistré au mois d’avril une hausse des incidents de remboursement de crédit, qui ont augmenté de 10 % sur un an avec 64 065 inscriptions au fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP).
Par ailleurs, l’institution a recensé 60 759 inscriptions au fichier central des chèques (FCC), soit une hausse de 8 % sur un an de personnes fichées pour émission de chèque sans provision. Ces divers incidents de paiement sont en hausse par rapport à 2021, mais restent moins nombreux qu’avant le début de la pandémie, en 2019.
Toutefois, l’inflation pourrait mettre à mal la capacité de remboursement des ménages, qui ont profité des taux très bas du crédit immobilier en 2021. À l’heure actuelle, les autorités françaises restent pourtant confiantes, notamment en raison du surplus d’épargne accumulé par les ménages pendant la crise sanitaire.