Alors que le trafic ferroviaire de conteneurs entre le Vieux Contient et la Chine était en plein essor ces dernières années, les sanctions imposées par l’Europe à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine pourraient grandement mettre en danger la route de la soie. Dans le contexte actuel, les opérateurs de transport se montrent particulièrement méfiants et redoutent le système du « cash and delivery » ou paiement à la livraison.
Explosion du fret ferroviaire entre la Chine et l’Europe
L’essor du commerce ferroviaire s’est accéléré entre le Vieux Contient et l’Asie. La nouvelle route de la soie a vu le jour en 2019 et assure l’acheminement d’un nombre toujours plus important d’exportations françaises. Pour la Chine, cette nouvelle ligne représente une nouvelle porte d’entrée en Europe.
Il faut dire que l’axe ferroviaire est en moyenne deux fois plus rapide que le transport maritime et plus économique que son concurrent aérien. Depuis la pandémie, la cadence n’a cessé de croître avec une vingtaine de stations au départ, 11 000 kilomètres de rails pour environ 22 jours de trajet et près de deux trains par jour.
Un flux de transport interrompu depuis la guerre en Ukraine
Le trajet par rail qui transite principalement par Moscou, la Biélorussie, la Pologne et l’Allemagne est largement interrompu depuis le début de la guerre en Ukraine. Au moins la moitié des clients se sont évaporés parce qu’ils refusent de faire travailler les chemins de fer russes ou s’inquiètent du sort de leurs marchandises.
Dans ce contexte, les opérateurs de transport redoutent le système de paiement à la livraison et les surprimes d’assurance pour risques de guerre.
« Nous avons décidé de suspendre le service. Nous ne prenons plus de commandes dans les deux sens du parcours jusqu’à nouvel ordre », rapporte aux Echos un opérateur européen qui proposait des trains complets et des wagons isolés à ses clients sur ce parcours.
Une solution alternative pour éviter la Russie et l’Ukraine
Une solution alternative permettrait aux opérateurs d’éviter totalement la Russie et l’Ukraine : un corridor sud passant par le Kazakhstan, la Géorgie et la Turquie. Ce trajet de 7 000 kilomètres présente toutefois de nombreux obstacles. Effectivement, cela implique d’embarquer les conteneurs sur un navire pour traverser la mer Caspienne avant d’atteindre en train l’Azerbaïdjan, la Géorgie puis la Turquie.
Les gouvernements locaux envisagent de faire appel à l’opérateur Transcapian International Transport Route (TITR) qui revendique le passage de plus de 96 000 conteneurs depuis son lancement en 2017. Mais malgré un temps de parcours vers l’Europe qui serait réduit de 60 ou 45 jours à une quinzaine de jours, certains opérateurs émettent des réserves, car jusqu’à présent, seuls 3 à 5 % des volumes passaient par la route nord en Russie et rien n’assure que le parcours pourra absorber le volume qui était pris en charge par cet axe majeur représentant environ 1,5 million de conteneurs par an.