Parmi les différents risques psychosociaux en entreprise, le brown-out fait de plus en plus parler de lui, notamment chez les TPE PME. Il se traduit par une démotivation et un désinvestissement du salarié, qui ne trouve plus de sens à son travail et ne croit plus à la valeur de ses missions. Le retour au bureau après des mois de télétravail a accentué le phénomène, qui pourrait être partiellement responsable de l’augmentation de l’absentéisme et du nombre de démissions en 2020 et 2021.
Du burn-out au brown-out
Si le burn-out est aujourd’hui bien connu, et que le bore-out, ce syndrome d’épuisement provoqué par une sous-charge de travail, a également fait parler de lui, le brown-out était jusqu’à présent peu évoqué dans les entreprises.
Pourtant, cette souffrance au travail n’est pas nouvelle : le brown-out a commencé à être théorisé il y a une dizaine d’années par l’anthropologue David Graeber, parallèlement à ses travaux sur les « bullshit jobs », ces métiers nés du progrès technique et considérés comme vides de sens.
Le brown-out, qui résulte d’une perte de sens au travail, se traduit par un désinvestissement du salarié concerné. Cette souffrance est plus difficile à détecter que le burn-out ou le bore-out, car la personne reste généralement fonctionnelle et continue d’assurer ses missions.
Pour autant, le brown-out doit être pris au sérieux par l’employeur. Ce syndrome peut amener le salarié à perdre confiance en lui, à se replier sur lui-même et à se laisser envahir par l’angoisse. Il entraîne aussi de l’irritabilité, une grande fatigue mentale, des troubles de l’attention et peut mener à la dépression.
Démotivation, absentéisme et démissions
Selon une étude de la start-up Chance, qui propose des services de coaching pour trouver le poste adapté en cas de reconversion professionnelle, 78 % des personnes accompagnées considèrent que se sentir utile au travail est important ou primordial. Pourtant, 62 % des personnes interrogées par Chance ont déclaré ne pas se sentir vraiment utiles dans leur travail.
La crise sanitaire a eu un impact considérable pour de nombreux salariés, notamment les jeunes en télétravail, pour qui le salaire n’est plus l’unique motivation. La qualité de vie, le sens donné au travail effectué, les engagements de l’entreprise sur le plan social et environnemental sont tout aussi importants.
Pour les PME, ces exigences nouvelles impliquent d’adopter des techniques de management plus personnalisées, adaptées aux attentes des salariés. Mais la pandémie de Covid-19 et le recours généralisé, souvent dans l’urgence, au télétravail ont mis à mal ces ambitions. De nombreuses entreprises ont renforcé les stratégies de contrôle et multiplié les visioconférences, ajoutant ainsi du temps de travail et amenant involontairement les salariés à s’interroger sur le sens de leurs missions.
Pour certains, le retour en présentiel après des mois de télétravail a été mal vécu. En imposant aux salariés de revenir au bureau, sans concertation, plutôt que de s’interroger sur la pertinence d’un modèle de travail hybride permettant de combiner télétravail et présentiel, les entreprises ont parfois contribué à démotiver les équipes. Certes, les salariés sont désormais présents physiquement, mais on observe chez certains d’entre eux une véritable démission mentale.
Ce phénomène de brown-out pourrait en partie expliquer la hausse de l’absentéisme et des démissions que plusieurs études ont observée en 2020 et 2021. Selon une étude du cabinet WTW, anciennement Gras Savoye, l’absentéisme avait augmenté de 20 % en 2020 par rapport à 2019.
Quant aux démissions, d’après les chiffres de la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares), elles ont augmenté de 10 à 20 %, en fonction de la taille de l’entreprise, entre 2019 et 2021.