In-Q-Tel, le fonds de capital-risque de la CIA, est entré fin septembre au capital de la startup française Prophesee, qui a élaboré une technologie innovante de vision neuromorphique. Depuis 2018, In-Q-Tel a investi dans une quinzaine de deeptechs européennes.
De nombreux contrats avec des investisseurs étrangers
La deeptech française Prophesee, fondée en 2014, a mis au point un procédé révolutionnaire de vision neuromorphique, également appelée vision artificielle. La pépite a ainsi créé une rétine artificielle en silicium, une première mondiale qui n’a pas manqué de susciter l’intérêt de plusieurs acteurs industriels.
Grâce à des algorithmes reposant sur une intelligence artificielle, la rétine inventée par Prophesee est capable de reproduire le fonctionnement de l’œil humain. Les 40 milliards de caméras actives présentes aux quatre coins du monde pourraient potentiellement bénéficier de cette haute technologie, qui est aussi susceptible d’équiper, d’ici quelques années, les véhicules autonomes.
Prophesee a signé de nombreux contrats avec des acteurs étrangers de premier plan, comme l’agence de recherche militaire américaine Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), Huawei, Sony ou encore, depuis l’été 2021, Xiaomi et le fonds d’investissement chinois Sinovation.
Le fonds de la CIA cible les deeptechs européennes
In-Q-Tel, le fonds de capital-risque de l’Agence centrale américaine de renseignement, est entré au capital de Prophesee sans perdre de temps, contrairement aux gros investisseurs européens, qui ne se sont pas intéressés à la technologie de la pépite française.
Un phénomène récurrent selon Luca Verre, le dirigeant de Prophesee, qui reconnaît attirer plus facilement les investisseurs étrangers que les investisseurs français, moins prompts à débourser les sommes nécessaires.
En France, le secrétariat d’État chargé du Numérique se dit ouvert aux investissements étrangers, tout en faisant preuve de vigilance pour que les intérêts économiques et stratégiques nationaux soient préservés.
In-Q-Tel, qui a ouvert un bureau à Londres en 2018, a d’ores et déjà investi dans une quinzaine de deeptechs européennes, notamment dans le secteur de la sécurité et de la défense.
Le fonds de la CIA a ainsi investi dans deux pépites espagnoles : CounterCraft, axée sur la détection de l’espionnage et des cyberattaques, et Worldsensing, acteur de la numérisation des infrastructures critiques. La deeptech britannique Agile Analog, la finlandaise Iceye et l’allemande Morpheus Space ont également bénéficié du soutien financier du fonds de l’Agence centrale américaine de renseignements.
In-Q-Tel a par ailleurs sollicité la deeptech française Linkurious, connue pour son rôle dans l’affaire des « Panama Papers », ainsi que Preligens, spécialiste de l’intelligence artificielle au service du renseignement.