En quelques mois, la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine ont bouleversé le marché immobilier. L’augmentation du coût des matériaux de construction et la flambée des prix de l’énergie ont pénalisé les promoteurs qui doivent aussi faire face à des désistements plus nombreux de leurs clients. Revue de détails sur un marché qui se tend avec des taux qui s'envolent.
Une hausse continue des prix des matériaux
La guerre en Ukraine a fait flamber le prix de certains matériaux de construction qui avaient déjà augmenté suite à la crise du Covid-19. Les organisations professionnelles anticipent d’ores et déjà une dégradation des marges et de la trésorerie des entreprises pointant la difficulté pour ces dernières à répercuter cette inflation sur leurs clients.
Dans sa dernière note de conjoncture, la Fédération française du bâtiment (FFB) rappelle que « la plupart des marchés du bâtiment se signent à prix fermes et non révisables ».
Dans ce contexte, certains fournisseurs se sont engagés à établir des devis valables au mois, avec des hausses de prix applicables au premier du mois uniquement. D’autres ont annoncé le maintien de leurs prix sur au moins 60 jours pour assurer une meilleure visibilité sur les augmentations de prix à venir. Malgré ces efforts, les promoteurs, qui sont également confrontés à la hausse des prix de l’énergie, envisagent d’abandonner certaines opérations et commencent à être plus regardants sur le tarif des terrains.
La hausse des taux menace la capacité d’achat immobilier des ménages
Un autre facteur complique la situation des promoteurs : l’augmentation durable des taux d’intérêt.
La hausse des taux pèse sur la demande de logements neufs et anciens. Effectivement, au 2ème trimestre, les mises en vente de logements collectifs ont diminué de 10,5 % par rapport au 2ème trimestre 2021. Cette baisse atteint 14,6 % sur le 1er semestre 2022, selon la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
« On voit qu'il y a un décrochage par rapport à une tendance de long terme », indique Pascal Boulanger, le président de l'organisation.
Le même constat s’observe du côté des réservations de logements qui enregistrent une baisse de 24,3 % au 2ème trimestre et de 21,4 % au 1er semestre 2022. La chute est encore plus importante pour les ventes par lot effectuées auprès des investisseurs institutionnels et des bailleurs sociaux puisqu’elle atteint 42,3 % sur 3 mois.
Enfin, l’augmentation des désistements des clients est préoccupante. Celle-ci est passée de 13 % à 26 % du total des réservations. Cela s’explique notamment par les refus de crédit immobilier de la part des banques qui ne cessent de progresser.
Pour autant, le secteur ne manque pas de liquidités. En plus des family offices qui sont en mesure d’investir sur fonds propres, il y a les organismes bancaires qui, malgré leur réticence, répondent toujours à l’appel pour financer des opérations immobilières.