Après avoir renoncé, au mois de mars, à la création d’une carte, le projet de service de paiement paneuropéen European Payment Initiative (EPI) se recentre sur le paiement instantané et le portefeuille numérique. Les nouvelles orientations du projet doivent être actées lors d’une réunion prévue le 9 décembre prochain.
Le paiement instantané au cœur des travaux du projet EPI
Initialement, le projet EPI envisageait le développement d’un schéma de carte européen, qui aurait permis d’unifier les différents schémas nationaux, comme le schéma CB (Carte Bancaire) en France. L’un des objectifs principaux était de proposer une alternative aux géants MasterCard et Visa, qui dominent le secteur des paiements transfrontaliers dans la zone euro.
Mais l’absence d’accord entre les différentes parties et les défections de nombreuses banques, qui ne sont désormais plus que 13 au sein du consortium contre une trentaine à l’origine, ont contraint EPI à revoir ses ambitions à la baisse.
Le projet EPI entre actuellement dans une nouvelle phase, et se recentre sur les solutions de paiement instantané et de portefeuille numérique, moins lourdes à mettre en place.
Une réunion est prévue à ce sujet le 9 décembre, l’occasion de définir les nouvelles orientations du projet, qui sera probablement adossé à une solution existante. Plusieurs noms circulent, comme celui du néerlandais iDEAL, qui est la première solution de paiement mobile en magasin aux Pays-Bas, ou encore celui du belge Bancontact Payconiq.
Le coût du projet EPI, initialement estimé à 1,3 milliard d’euros, serait considérablement allégé par l’utilisation d’une solution existante, qui permettrait de ramener la facture à un montant de 500 millions d’euros. Toutefois, le nombre de banques actionnaires d’EPI a également diminué, et seuls les établissements des Pays-Bas, de l’Allemagne, de la Belgique, de la France et du Luxembourg font encore partie du consortium.
Le soutien du Comité national des moyens de paiement
Les 6 banques françaises actionnaires du projet EPI, à savoir Société Générale, La Banque Postale, BPCE, BNP Paribas, Crédit Agricole et Crédit Mutuel, bénéficient du soutien du CNMP (comité national des moyens de paiement), né de la fusion du Comité de pilotage de la filière fiduciaire et du Comité national des paiements scripturaux.
Lors d’une première réunion le lundi 14 novembre, le Comité national des moyens de paiement a souligné l’importance de la mise en place d’une solution paneuropéenne de paiement, dans un objectif de souveraineté.
Le CNMP s’est fixé 4 axes de travail pour les 2 prochaines années :
- le bon fonctionnement de la filière fiduciaire,
- le soutien de l’innovation dans le domaine des paiements du quotidien,
- la modernisation des paiements de l’administration et des professionnels,
- le renforcement de l’Europe des paiements.
Dans le communiqué publié à l’issue de cette réunion, le Comité national des moyens de paiement mentionne le projet de règlement de la Commission européenne concernant les paiements instantanés : présenté fin octobre, ce texte vise à contraindre l’ensemble des banques de l’Union européenne à offrir un service de paiement instantané en euros sans surcoût par rapport au virement standard.
À l’heure actuelle, les paiements instantanés peinent à décoller en Europe, où ils ne représentent que 11 % des virements en euros effectués au sein de l’UE. En France, si leur nombre a doublé en un an, ils restent largement en dessous de la moyenne européenne, avec une part de 5,6 % des virements en euros.
Le projet de règlement de la Commission européenne poursuit un double objectif :
- permettre une meilleure circulation des 200 milliards d’euros qui transitent chaque jour dans le système financier, pour que les investissements et la consommation en bénéficient ;
- faciliter la gestion du budget des ménages et de la trésorerie des entreprises.
Le projet EPI pourrait, d’après le Comité national des moyens de paiement, jouer un rôle important dans l’essor des paiements instantanés.