Jusqu’à présent, les entreprises ont su résister malgré un contexte tendu, marqué par l’inflation, la flambée des prix de l’énergie et les difficultés d’approvisionnement, qui se sont accentuées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais le spectre de la récession et la baisse progressive du niveau de trésorerie des entreprises font augmenter le risque de crédit qui pèse sur les banques.
2022, l’année de tous les dangers pour les entreprises ?
En 2020, le début de la pandémie de Covid-19 a poussé les banques à revoir à la hausse leurs provisions pour risques de crédit. Après cette déflagration, l’année 2021 a été celle du rebond : les banques ont réalisé des performances historiques.
L’année dernière, les 5 principales banques françaises, à savoir BPCE, Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole et Crédit Mutuel Alliance Fédérale, ont vu baisser le coût du risque : il a chuté de 78,8 % sur un an chez Société Générale, de 70,5 % chez Crédit Mutuel Alliance Fédérale, de 48,8 % pour BNP Paribas, de 40,5 % pour BPCE et de 39,5 % pour le groupe Crédit Agricole.
La vague de défaillances d’entreprises et de suppressions de postes, redoutée depuis le début de la crise sanitaire, n’a finalement pas eu lieu en 2021, grâce à la politique du « quoi qu’il en coûte ». Mais les difficultés s’accumulent et les entreprises doivent désormais faire face à une conjoncture incertaine, marquée par la guerre en Ukraine, l’inflation et les difficultés d’approvisionnement.
Si elles parviennent jusqu’ici à résister, leur trésorerie s’amenuise et ne leur permettra pas de tenir le choc indéfiniment.
Trésorerie en baisse, dette des entreprises en hausse
Les entreprises doivent non seulement composer avec des matières premières de plus en plus chères, mais aussi avec des délais d’approvisionnement de plus en plus longs.
Pour pouvoir continuer à payer leurs fournisseurs, elles ont impérativement besoin de s’appuyer sur un niveau de trésorerie suffisant. Or, la trésorerie diminue au fil des mois, surtout pour les petites et moyennes entreprises, pour qui il est plus difficile qu’aux grandes entreprises de répercuter les hausses des coûts sur les prix de vente afin de conserver une marge suffisante.
D’après la dernière enquête de conjoncture de Bpifrance, 53 % des TPE-PME ayant obtenu un prêt garanti par l’État ont consommé une majorité du montant accordé, et 35 % ont consommé la quasi-totalité de leur PGE.
Par ailleurs, la dette des entreprises a atteint un niveau historique au 31 mai, avec un montant total de 1980 milliards d'euros, selon les récentes données de la Banque de France. Le niveau de la dette est d’autant plus inquiétant que les taux ne cessent de grimper, et que le coût moyen des financements des sociétés, actuellement à 1,86 %, a quasiment doublé depuis la fin de l’année dernière.
Dans ce contexte, les banques s’attendent à une hausse des défaillances d’entreprises, et la prudence voudrait qu’elles augmentent leurs provisions pour faire face au coût du risque. Ces mesures devraient être prises fin juillet, au moment de la publication des résultats semestriels.