Tout comme le crédit immobilier, le crédit à la consommation est impacté par le taux d’usure. Les professionnels, dont les coûts de refinancement augmentent, voient leurs marges réduites par le niveau du taux d’usure, qui est toujours en décalage avec le marché.
Une méthode de calcul dénoncée par les professionnels
Le taux d’usure, qui est le taux d’intérêt maximum légal qu’une banque peut appliquer lorsqu’elle accorde un prêt, est révisé tous les 3 mois par la Banque de France. Il est établi à partir de la moyenne des taux d’intérêt pratiqués par les banques au cours du trimestre précédent, augmentée d’un tiers.
Depuis plusieurs mois, les professionnels réclament une modification de la formule de calcul, arguant que celle en cours ne permet pas au taux d’usure de coller à la réalité du marché. En effet, les taux d’intérêt remontent plus rapidement que le taux d’usure, conduisant les établissements à refuser des crédits immobiliers.
De son côté, la Banque de France campe sur ses positions, insistant sur la protection qu’offre le taux d’usure aux consommateurs. Elle s’appuie par ailleurs sur les chiffres de la production du crédit immobilier, qui ne faiblit pas malgré les alertes des professionnels.
Au 1er octobre, le taux d’usure a été relevé de plus de 40 points de base pour les crédits immobiliers, passant de 2,60 % à 3,03 % pour les prêts d’une durée inférieure à 20 ans, et de 2,57 % à 3,05 % pour les prêts d’une durée supérieure à 20 ans.
Toutefois, selon les professionnels, ces hausses successives interviennent toujours trop tardivement par rapport aux évolutions rapides du marché.
Crédit à la consommation : les banques veulent réduire les risques
Le crédit immobilier n’est pas le seul à être impacté par le taux d’usure. Les professionnels pointent également les conséquences sur le crédit à la consommation : les établissements subissent, en raison de la conjoncture actuelle, une hausse rapide de leurs coûts de refinancement, tandis que le taux d’usure évolue trop lentement. Leurs marges sont donc réduites, ce qui pourrait les amener à refuser de plus en plus de crédits à la consommation.
La Banque de France a constaté, au cours des derniers mois, un resserrement entre le taux moyen de ces crédits et le taux d’usure. Au troisième trimestre 2019, avant la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, l’écart entre ces deux taux était de 161 points de base pour les crédits à la consommation de plus de 6000 euros. Au troisième trimestre 2020, il est passé à 134 points de base, et n’était plus que de 93 points de base au troisième trimestre 2022, avec un taux d’usure de 4,93 % et un TAEG moyen de 4 %.
Pour l’heure, ce resserrement ne semble toutefois pas impacter la production de crédits à la consommation, dont l’encours a augmenté de 2,9 % durant les deux premiers trimestres 2022. Les banques ne seraient pas contre un ralentissement de la production, mais le ministère de l’Economie et des Finances veille à préserver l’accès au crédit.
Si elles continuent à octroyer des crédits à la consommation malgré des marges réduites, les banques changent cependant de stratégie, et préfèrent prêter des sommes plus importantes tout en réduisant leurs risques.
Pour cela, elles sont de plus en plus nombreuses à recourir à l’open banking, ce qui leur permet, avec l’accord de leurs clients, d’accéder instantanément à l’historique de leurs différents comptes dès la souscription du crédit. Les dossiers les plus fragiles sont rapidement écartés, au profit des emprunteurs présentant des profils plus sûrs.