Les banques françaises soulignent leurs efforts en faveur du climat

À l’approche du Climate Finance Day, le rendez-vous de la Place financière de Paris sur le climat prévu le 27 octobre, la Fédération bancaire française publie un communiqué visant à souligner les efforts des banques en faveur de la transition écologique. Des arguments contrés par l’ONG Reclaim Finance, qui y voit une « interprétation trompeuse » du soutien financier apporté par les banques aux énergies renouvelables et aux énergies fossiles.

 

 

Les banques affirment intensifier le financement de la transition écologique

D’après le communiqué de la Fédération bancaire française (FBF), les banques françaises investissent aujourd’hui davantage dans les énergies renouvelables et les activités vertes que dans les énergies fossiles.

« Quand les banques financent 1 euro dans les énergies fossiles, c’en sont 4 qui sont investis dans les énergies renouvelables et les activités vertes et durables », avance le communiqué.

Selon les estimations de la FBF, le financement des crédits verts et durables s’élevait à plus de 100 milliards d’euros fin 2021, contre 25 milliards d’euros de prêts aux énergies fossiles. Dans le détail, ces prêts sont estimés à 23 milliards d’euros pour les hydrocarbures, et à 2 milliards pour le charbon, soit 0,27 % du total du bilan des banques françaises.

« Les banques françaises sont par ailleurs leaders concernant les émissions d’obligations vertes et durables », déclare la FBF, qui avance le chiffre de 225 milliards d’euros d’arrangement l’an dernier.

La FBF souligne également les efforts fournis dans le cadre de la Net Zero Banking Alliance (NZBA), avec la mise en place d’une « approche méthodologique commune » par les grands groupes bancaires français.

Cette méthode poursuit une double ambition : d’une part, « mesurer l’empreinte carbone d’un portefeuille bancaire », d’autre part « fixer les objectifs sectoriels de son alignement avec une trajectoire de neutralité carbone nette » alignée sur l’Accord de Paris. « Il serait faux de croire que les banques françaises sont dépendantes du financement des hydrocarbures », affirme Laurent Mignon, président de la commission climat et de la FBF, dans le communiqué. Selon lui, les banques françaises « accélèrent dans le financement de la transition » et sont même « pionnières sur ce sujet ».

 

À l’approche du Climate Finance Day et de la COP 27, les banques françaises semblent décidées à devancer les critiques.

Lors du précédent Climate Finance Day, outre les protestations des ONG dénonçant l’augmentation du financement des énergies fossiles, les banques avaient essuyé les critiques du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, estimant alors que les efforts en faveur du climat n’étaient pas suffisants.

L’ONG Reclaim Finance dénonce l’ampleur du soutien aux énergies fossiles

Les arguments avancés par la FBF ne semblent toutefois pas convaincre l’ONG Reclaim Finance, qui à son tour a publié un communiqué visant à décrypter « le vrai du faux ». Tout d’abord, l’ONG conteste la méthode de calcul utilisée pour chiffrer le montant des prêts aux énergies fossiles, et précise qu’il a été effectué « à partir de la Global Oil and Gas Exit list (GOGEL) qui ne porte que sur une partie du secteur pétrolier et gazier ». La FBF n’apporte par ailleurs, selon Reclaim Finance, aucun élément sur la méthode de calcul utilisée pour chiffrer le financement du charbon.

Reclaim Finance regrette également le fait que la FBF n’ait pris en compte que les prêts, laissant ainsi de côté les émissions d’actions et d’obligations. « Par ailleurs, ce qui compte est moins les encours que les flux puisque ce sont eux qui façonnent le monde de demain », précise le communiqué.

Selon l’ONG, 130 milliards de dollars de financements ont été accordés par les banques françaises « aux 100 entreprises qui développent le plus de nouveaux projets de charbon et de production et de transport de pétrole et de gaz » depuis la signature de l’Accord de Paris.

Reclaim Finance s’attaque également à l’affirmation selon laquelle pour 1€ investi dans les énergies fossiles, 4€ le sont dans les énergies renouvelables. La FBF se base, pour cet argument, sur les 225 milliards d’euros d’arrangement pour les obligations vertes en 2021, contre 51 milliards d’euros de financement hors bilan pour les hydrocarbures.

Or, d’après l’ONG, « la comparaison relève une fois de plus de la manipulation puisque les obligations vertes ne sont pas dédiées au secteur de l’énergie ».

Et la FBF, dans son communiqué, ne détaille pas la part des obligations vertes réservées aux énergies renouvelables.

 

Reclaim Finance appelle une nouvelle fois les banques françaises à mettre fin au financement de « l’expansion pétrolière et gazière », et espère que Bruno Le Maire profitera du Climate Finance Day pour annoncer « des mesures de régulation » visant à « contraindre » les acteurs financiers à se conformer à l’Accord de Paris.