Selon un rapport des analystes de la banque d’investissement américaine Goldman Sachs, le sous-investissement dans le secteur des matières premières devrait entraîner une nouvelle flambée des cours en 2023. Des pénuries sont également attendues, et risquent de renforcer les tensions sur les prix.
Un rendement attendu de 43 % en 2023
Malgré le récent recul des prix des matières premières, celles-ci devraient se hisser en tête des classes d’actifs les plus performantes en 2022, tout comme en 2021. Fin novembre, l'indice Bloomberg Commodity Spot enregistrait une hausse de 11,6 %, et le rendement de l'indice S&P GS Commodity Index, qui s’était hissé à un niveau record de 42 % en 2021, devrait atteindre 23 % sur l’ensemble de l’année 2022.
Dans le détail, toutes les matières premières n’ont pas obtenu les mêmes résultats. Les métaux précieux affichent une performance négative, et la politique zéro Covid menée par la Chine a pesé sur celle des métaux industriels. Après une hausse de 60 % cet été, le pétrole a perdu du terrain et le prix du baril est repassé sous la barre des 80 dollars.
Toutefois, l’année 2022 reste exceptionnelle pour les matières premières, dont le rendement s’annonce encore plus élevé en 2023, comme le détaille un rapport des analystes de Goldman Sachs. Il devrait atteindre 43 % l’année prochaine, hissant une nouvelle fois les matières premières en tête des classes d’actifs les plus performantes.
Selon les prévisions des analystes, le ralentissement de l’activité aux États-Unis et en Chine devrait, au 1er trimestre 2023, peser sur le rendement des matières premières. Mais par la suite, les cours devraient de nouveau s’envoler en raison des pénuries attendues.
Le sous-investissement responsable de la hausse des prix des matières premières
La hausse des cours des matières premières est principalement due, d’après les analystes de Goldman Sachs, au sous-investissement dans les mines comme dans le pétrole, alors que les prix ont quasiment été multipliés par deux pour la plupart des matières premières en 2022. Ces prix n’ont pas suffi à attirer les investisseurs, et à proposer une offre suffisante pour éviter les pénuries.
Depuis plusieurs années, les compagnies pétrolières investissent moins dans la recherche et l’exploitation de nouveaux gisements. La faute aux prix peu élevés au début de la crise sanitaire et au contrechoc pétrolier de 2014.
Même constat dans le secteur minier, alors que la demande de métaux – notamment de cuivre – va considérablement augmenter sous l’effet de la transition énergétique et du développement des technologies bas carbone. Or, il faut compter jusqu’à 15 ans entre l’investissement dans une mine de métaux et les débuts de la production, ce qui ne manquera pas d’entraîner des pénuries à long terme.
Selon les analystes de Goldman Sachs, le baril de pétrole devrait passer d’ici fin 2023 de 80 à 105 dollars. Sur le marché asiatique, le gaz naturel liquéfié, actuellement à 33 dollars le million de British thermal units (MBtu), devrait atteindre 53,10 dollars. Quant à la tonne de cuivre, vendue 8400 dollars aujourd’hui, elle devrait se hisser à 10 050 dollars d’ici la fin de l’année prochaine.
Un « super-cycle » entamé en 2020
Certains analystes, comme Ed Morse de la banque Citi, ne partagent pas tout à fait le point de vue de ceux de Goldman Sachs. Selon lui, la menace d’une récession mondiale pèse sur les matières premières, et pourrait entraîner un recul de la demande, tirant ainsi les prix vers le bas.
À long terme toutefois, la hausse des cours des matières premières est le scénario le plus probable selon les observateurs du marché. Les analystes de Goldman Sachs avaient annoncé un « super-cycle » dès la fin du premier confinement de 2020, à savoir une hausse générale des cours des matières premières d’une durée d’environ 10 ans.
Pour autant, ces super-cycles ne sont pas linéaires. Comme l’explique le rapport, « Une fois que les prix élevés ont rééquilibré le marché à court terme, ils ne sont plus nécessaires et les prix s’effondrent comme nous l’avons vu à la fin de l’année. Mais cela ne signifie pas que le super-cycle est terminé, car les problèmes d’approvisionnement à long terme mettent des années à se résoudre ».