Alors que les prix augmentent, de nombreux Européens se tournent vers le paiement fractionné pour maintenir leur niveau de vie. Cette facilité de paiement, qui n'est pas sans danger, est désormais utilisée pour payer des achats à crédit de quelques dizaines d’euros.
Le paiement fractionné, un engouement mondial
Le principe du « buy now pay later » (BNPL) est simple : lors de l’achat, le consommateur peut décider d’échelonner sa dépense en trois ou quatre mensualités pour des frais négligeables. Cette pratique ne relève pas de la réglementation du crédit à la consommation dès lors que le remboursement n’excède pas 3 mois et que les frais sont marginaux.
De nombreux acteurs se sont lancés sur le marché du paiement fractionné, principalement des Fintech comme le suédois Klarna, le français Alma ou encore l’australien Afterpay afin de répondre au développement fulgurant de l’ecommerce renforcé par la pandémie. Face au succès de ces jeunes sociétés, les géants PayPal et Affirm se sont intéressés au secteur en promettant de ne pas appliquer de commission aux commerçants pour ce service.
Si les commerçants se sont équipés de façon massive, c’est aussi parce que le BNPL leur permet de faire grimper le panier moyen de leurs clients et d’augmenter leur taux de conversion. Plusieurs études montrent que le taux de conversion d’un commerçant peut progresser jusqu’à 20 % avec une solution de paiement fractionné.
Résultat : le marché mondial du paiement fractionné a quadruplé en à peine 2 ans pour atteindre 80 milliards de dollars. Il pourrait représenter 250 milliards de dollars d’ici 2025, estime le cabinet Kaleido Intelligence.
Attention aux pièges du paiement fractionné
Le paiement fractionné comporte des risques qui ne doivent pas être sous-estimés d’autant plus que, pour le moment, il échappe à la réglementation sur le crédit à la consommation. Cela signifie que les débiteurs ne bénéficient d’aucune mesure de protection comme le droit à la rétractation.
L’absence de vérification de la solvabilité du consommateur peut inciter ce dernier à démultiplier les paiements fractionnés et conduire au surendettement. Ce risque est bien réel, car en France, près d’une personne sur dix ne rembourse pas un paiement fractionné dans les temps. Dans ce cas, certains opérateurs n’hésitent pas à appliquer des pénalités de retard pouvant atteindre 30 à 40 % du capital restant dû.
Les alertes se multiplient pour mettre en garde les consommateurs contre les risques liés à cette facilité de paiement. Dernièrement, le député Philippe Chassaing a publié un rapport sur la prévention du surendettement qui pointe les dangers du paiement fractionné et réclame un encadrement de cette pratique. Selon lui, le paiement fractionné devrait être soumis à des règles concernant la publicité, l’information du coût du crédit et l’évaluation de la solvabilité de l’emprunteur.
Le recours au paiement fractionné, y compris pour des achats de quelques dizaines d’euros, pose avant tout la question du modèle de société que l’on veut promouvoir, estime Geoffroy Guigou, cofondateur de Younited, interrogé par Les Echos.