Après s’être maintenu à un niveau très bas grâce aux mesures de soutien à l’économie déployées par le gouvernement au plus fort de la crise sanitaire, le nombre de défaillances d’entreprises augmente de nouveau. Au cours du deuxième trimestre 2022, les défaillances ont accéléré leur progression.
Défaillances d’entreprises : un niveau bas mais une progression rapide
Les différents dispositifs d’aide aux entreprises mis en place par l’État, des PGE au chômage partiel en passant par les reports de cotisations sociales, ont permis à de nombreuses entreprises en difficulté de poursuivre leur activité sans avoir à baisser définitivement le rideau.
La disparition progressive de ces aides publiques a donc entraîné une augmentation du nombre de défaillances d'entreprises, qui se maintiennent toutefois, au premier semestre 2022, à un niveau bien plus bas qu’avant le début de la crise sanitaire.
Au premier semestre 2022, le cabinet Altares a recensé 34 200 défaillances d’entreprises sur un an. En 2019, sur la même période, 20 000 entreprises supplémentaires avaient dû mettre la clé sous la porte.
Si le niveau de défaillances reste bas, leur nombre ne cesse d’augmenter et le phénomène s’intensifie depuis le mois de février, avec une hausse mensuelle de 45 % en moyenne. D’après les chiffres de la Banque de France, sur les 12 derniers mois, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 14,6 % par rapport à la même période en 2021.
Vers une conversion des prêts garantis par l’État en capital
La hausse du nombre de défaillances touche plus particulièrement les petites entreprises, avec une augmentation de 25,7 % entre juillet 2021 et juin 2022, et les très petites entreprises, qui enregistrent une augmentation de 33,5 % au cours de la même période.
Pour les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises, la tendance est en revanche à la baisse, avec un recul de 47,5 % du nombre de défaillances sur un an.
Certains secteurs sont plus durement impactés, comme le secteur du commerce et de la réparation automobile (+18,5 %), de l’industrie (+23,4 %) et du transport/entreposage (+27,9 %). La restauration et les services à la personne paient aussi un lourd tribut à la crise sanitaire.
En 2022, les défaillances devraient toutefois se maintenir à un niveau inférieur à celui de l’avant-crise du Covid. 52 000 défaillances ont été recensées en 2019, 28 400 en 2021, et le cabinet Altares estime à 37 000 le nombre total de défaillances en 2022.
De son côté, le gouvernement a décidé de prolonger jusqu’au 31 décembre prochain la mission d'accompagnement des entreprises en difficulté, un dispositif sous la houlette du ministère de la Justice et du ministère de l’Économie et des Finances.
L’État s’apprête également, dans certains cas extrêmes, à devenir actionnaire indirect des entreprises les plus fragilisées par la crise sanitaire, en autorisant les banques à convertir les prêts garantis par l’État en capital lorsqu’ils ne peuvent pas être remboursés.
Cette possibilité ne devrait toutefois pas être offerte à toutes les entreprises en difficulté : pour les plus petites d’entre elles, l’abandon de dette restera probablement la solution privilégiée, car la gestion des titres serait trop coûteuse pour les finances publiques.