Après avoir fait face à la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, puis aux difficultés d’approvisionnement, aux pénuries, à l’inflation et à la crise énergétique, les entreprises doivent désormais composer avec deux contraintes supplémentaires : un dollar fort et des taux d’intérêt qui ne cessent d’augmenter.
Hausse du dollar et baisse de l’euro
L’euro est à son plus bas niveau face au dollar depuis 2002, et a atteint la parité avec le billet vert le 13 juillet 2022.
Plusieurs facteurs expliquent cet affaiblissement de l’euro : les difficultés d’approvisionnement liées à la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, la flambée des prix de l’énergie et les risques de pénurie de gaz ont ralenti la croissance dans la zone euro et contribué à affaiblir la monnaie unique.
Cette situation avantage les entreprises françaises qui exportent des biens et des services aux États-Unis, notamment dans le secteur du luxe, de l’aéronautique, du vin ou de l’agroalimentaire.
Ainsi, L'Oréal devrait voir son chiffre d’affaires augmenter de 8,1 % en 2022, et Hermès a fortement bénéficié de l’effet de change depuis le début de l’année, avec un chiffre d’affaires en hausse de 30 % sur 9 mois.
En revanche, les importations de biens ou de matières premières deviennent également plus coûteuses, et nombreuses sont les entreprises françaises à subir de plein fouet la hausse du dollar et la baisse de l’euro, sans être en mesure d’augmenter leurs prix de vente pour conserver leurs marges.
Hausse des taux
Par ailleurs, les entreprises doivent faire face à la hausse des taux. Le taux d’emprunt de la France a atteint son plus haut niveau depuis 10 ans : alors qu’il n’était que de 0,2 % un an auparavant, il s’établit désormais à plus de 3 %, tandis que le taux d’emprunt d’État américain dépasse les 4,2 %.
Pour les entreprises, emprunter est aujourd’hui environ 2 fois plus onéreux que l’an passé en raison de l’augmentation des taux. Toutefois ces derniers avaient atteint, l’an dernier, un niveau historiquement bas, et de nombreuses entreprises ont donc profité de l’occasion pour emprunter à bas coût avant que les taux remontent.
Les entreprises les plus fragiles, contraintes de refinancer leur dette en cours d’année, vont en revanche être pleinement impactées par la hausse des taux d’emprunt. Deux éléments contribuent cependant à sécuriser les entreprises françaises : les prêts garantis par l’État, dont le remboursement peut être étalé sur 10 ans en cas de problème important de trésorerie, et la part réduite de la dette à taux variable (seulement 38 % de la dette des entreprises).
Reste que, dans un contexte de crises successives, la hausse des taux et du dollar risque de déstabiliser davantage les entreprises les plus fragilisées.